Satisfaction, fréquence, masturbation, la vie sexuelle des français en mouvement…

Les Français font moins l’amour, mais mieux ? Baptisée « Contexte des sexualités en France », une grande enquête de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) et de l’Agence nationale de recherches sur le sida et les hépatites (Anrs) publiée mercredi 13 novembre, dresse un contre-rendu de la situation, 18 ans après la précédente analyse. Une étude menée auprès d’environ trente mille personnes de 15 à 89 ans constate que les Français font l’amour plus longtemps dans leur vie : leur nombre de rapports diminue, mais leurs partenaires se multiplient. Les femmes assument la masturbation, et la norme hétérosexuelle est de plus en plus remise en question. Voici quelques chiffres qui vont vous permettre de (peut-être) comprendre votre vie sexuelle. 

On constate un premier bilan : 45,3 % des femmes et 39 % des hommes se trouvent satisfaits de leur vie sexuelle. « Cette égalité entre les sexes, on la voit en accéléré. L’idée que les hommes auraient plus de besoins sexuels par nature est mise en retrait », relève Nathalie Bajos, sociologue et directrice de recherche de l’Inserm. L’enquête met aussi en évidence une diversité des rapports sexuels entre les partenaires. Faire l’amour ne se résume plus qu’à la pénétration vaginale, quatre femmes sur dix et plus de la moitié des hommes déclarent avoir déjà pratiqué la pénétration anale. Ainsi, 84,4 % des femmes et 90,5 % des hommes utilisent le sexe oral. 

Grâce à la montée des applications de rencontres, les Français ont plus de partenaires durant leur vie : les femmes en connaissent en moyenne 7,9 tandis que les hommes en ont 16,4. L’écart s’est réduit en 50 ans. En 1970, les femmes avaient en moyenne 1,8 partenaire contre 11,8 pour les hommes. « Ces analyses montrent que la définition d’un partenaire sexuel n’est pas la même pour un homme et pour une femme. Les femmes ne comptent que les hommes qui ont compté alors que les hommes vont comptabiliser toutes leurs partenaires », souligne la sociologue. 

L’âge de la première fois des jeunes Français est légèrement en hausse par rapport  à  leurs aînés. En 2023, l’âge médian était de 18,2 ans pour les femmes et 17,7 ans pour les hommes, tandis que l’enquête de 2006 révélait que les femmes découvraient le sexe à 17,6 ans et les hommes à 17,2 ans. Cependant, si les Français font l’amour plus tard, ils le font aussi plus longtemps dans leur vie. En 2023, 56,6 % des femmes et 73,8 % des hommes restent actifs sexuellement après 50 ans. « Il y a deux ans environ, j’ai commencé à culpabiliser vis-à-vis de la rareté de nos rapports sexuels avec mon conjoint. […] J’ai donc pris rendez-vous chez une sexologue qui m’a suggéré de me procurer des sextoys. Je n’en avais jamais utilisé », témoigne Anne, retraitée qui recherche une vie sexuelle après huit ans de relation avec son mari. 

Au-delà du plaisir commun, les Français acceptent davantage leur plaisir individuel. Alors qu’en 1992, 42,4 % des femmes et 82,8 % des hommes ont déclaré se masturber, en 2023, elles sont 72,9 % et ils sont 92,6 % à assumer. « On sait depuis les années 1950 que les hommes se masturbent plus régulièrement que les femmes et que la masturbation masculine est moins taboue », nous décryptait la sexologue Aurore Malet-Karas en 2021, lorsque l’entreprise sextoy Womanizer célébrait la masturbation égalitaire. 

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