Démission du gouvernement Barnier : mise en suspens politique et économique ?

Ce mercredi à 20h30, le gouvernement de Michel Barnier est devenu le plus bref gouvernement de la Ve République, censuré après trois mois. Le premier ministre a remis, conformément à l’article 50 de la Constitution, sa démission à l’Élysée jeudi matin. Macron s’est exprimé le soir même. Que retenir de cet événement historique ?

C’est après le vote du projet de loi de finances de fin de gestion pour 2024 que s’est déroulé l’examen de la motion de censure déposée par le Nouveau Front populaire (NFP). Une après-midi tendue pour les différents groupes politiques qui se sont succédé au cœur de l’hémicycle. Le Nouveau Front populaire et le Rassemblement national (RN) ont ouvert le bal des réquisitoires après les mises en garde de Laurent Saint-Martin, ministre chargé du Budget et des Comptes publics, contre les conséquences d’un tel vote. 

Sans surprise, la motion de censure a été acceptée avec 331 voix sur 577, soit 42 de plus que ce qu’il fallait, avec une majorité de députés du RN, du parti Renaissance, et de l’alliance des gauches. Le gouvernement Barnier n’aura tenu que trois mois face à une assemblée tripartite où chaque coalition politique, d’influence comparable, est dépendante des deux autres.

Si Emmanuel Macron n’a pas encore nommé de nouveau premier ministre, il a toutefois assuré le faire « dans les prochains jours » pour un gouvernement « d’intérêt général ». Un projet de loi sociale devra également être déposé en décembre à l’Assemblée afin d’assurer un budget national pour 2025.

Dans la soirée de mercredi, le Parti communiste français et le Parti socialiste avaient tous deux enjoint le président à nommer un premier ministre de gauche. La présidente du RN, Marine Le Pen, a assuré que son parti « laissera travailler » le prochain nommé. Parmi les noms qui circulent : François Bayrou (patron du Mouvement démocrate) et Sébastien Lecornu (Ministre des Armées et des Anciens combattants).

Faute de gouvernement, le vote du budget 2025 avant le 31 décembre paraît difficile. Aucune raison toutefois de craindre un « shutdown » budgétaire. Le nouveau gouvernement pourra avant la fin de l’année déposer une « loi spéciale  » afin de reconduire le budget de 2024 à 2025. Le RN, dont la force de blocage est majeure, s’est déjà prononcé en faveur d’une telle situation.

Sur la scène internationale, l’image d’instabilité internationale que renvoie la France peut décourager les investisseurs. Si le potentiel manque d’investissements inquiète autant, c’est que la France fait déjà face à une importante dette nationale (112 pourcent du PIB) à la charge croissante. Son remboursement devait représenter le quatrième poste des dépenses publiques du budget 2025. C’était la pierre angulaire de la défense du gouvernement ces derniers jours.

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