Mary Anning : postérité de ses contributions majeures en paléontologie

Décédée en 1847 à l’âge de 48 ans d’un cancer du sein, Mary Anning laisse derrière elle un héritage scientifique conséquent. Paléontologue autodidacte, elle est notamment connue pour avoir été à l’origine de la découverte du premier squelette complet de plésiosaure en 18241. Retour sur la carrière de l’une des premières femmes paléontologues, 200 ans après sa disparition.

« La chose extraordinaire chez cette jeune femme, c’est qu’elle s’est si profondément familiarisée avec la science qu’au moment où elle découvre des os, elle sait à quelle espèce ils appartiennent. Elle fixe les os sur un cadre avec du ciment, puis elle fait des dessins et les fait graver… C’est certainement un exemple merveilleux de faveur divine que cette pauvre fille ignorante soit ainsi bénie, car par la lecture et l’application, elle a atteint un tel degré de connaissance qu’elle a l’habitude d’écrire et de discuter avec des professeurs et d’autres hommes savants sur le sujet […]2 »

Journal intime de Lady Harriet Silvester, 1824.

Originaire de Lyme Regis, Mary Anning naît au sein d’une famille défavorisée. Son père, Richard, est un amateur de fossiles et les collectionne. Les falaises en bord de mer, datant de la période jurassique, sont particulièrement riches en ammonites et fossiles d’animaux préhistoriques. Le père de famille fouille donc les environs en quête de fossiles à vendre aux touristes afin de percevoir un complément de revenu. Ses enfants, et plus particulièrement sa fille Mary, marchent sur les traces de leur père.

Alors qu’elle n’est âgée que de douze ans, Anning découvre un crâne d’ichtyosaure avec son frère, Joseph. La chercheuse reprend les activités de son père et offre un soutien financier à sa famille après son décès en 1810. Anning n’est donc pas seulement une amatrice érudite se consacrant à sa passion à ses heures perdues. Chercher des spécimens, les nettoyer, les rendre présentables et les vendre était une question de nécessité.

« […] les trouvailles de Mary Anning ont permis d’apporter des preuves concrètes de l’existence de mondes disparus, bouleversant ainsi les connaissances scientifiques. »

Muséum d’histoire naturelle de Paris.

L’amateurisme lié aux débuts de la paléontologie au tournant du XIXe siècle permet à quelques femmes d’apporter des contributions scientifiques. Pourtant, nombreuses sont celles travaillant dans l’ombre de leur mari ou de leur père3. Mary Anning se distingue par sa persévérance dans un milieu assez hostile à la présence féminine.

Anning, aujourd’hui estimée des amateurs de géologie, est peu reconnue de son vivant. Lorsqu’elle découvre un plésiosaure et décrit sa trouvaille à Georges Cuvier, spécialiste d’anatomie français, ce dernier la rejette. Cette erreur est cependant rectifiée peu de temps après, et le spécimen est acheté par Constant Prévost, géologue.

Mary Anning est de plus en plus reconnue par la communauté scientifique durant les dix dernières années de sa vie. Pourtant, elle ne devient jamais membre de la Geological Society of London, cette dernière n’acceptant pas les femmes avant 1904. Plusieurs de ses découvertes sont appropriées par des hommes, collectionneurs et chercheurs. Sa reconnaissance en tant que scientifique pionnière ne s’opère que tardivement : son nom n’est ajouté à une liste des femmes les plus influentes dans l’histoire de la science britannique qu’en 2010. 

Crédits illustration : Orane Mathey-Nuez

Source

Lettre de Mary Anning, Wikimedia Commons, https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/f/f4/Mary_Anning_Plesiosaurus.jpg.

Bibliographie

Argot Christine, « Plésiosaure découvert par Mary Anning », Muséum d’histoire naturelle. URL : https://www.mnhn.fr/fr/plesiosaure-decouvert-par-mary-anning. [Consulté le 5 décembre 2024].

Legras Sophie, « Mary Anning, “chasseuse” de fossiles, naissait il y a 215 ans », Le Figaro, 21 mai 2014. URL : https://www.lefigaro.fr/culture/2014/05/21/03004-20140521ARTFIG00079-il-y-a-215-ans-naissait-mary-anning-chasseuse-de-fossiles.php. [Consulté le 5 décembre 2024].

Mary Anning, « pionnière en paléontologie », Muséum d’histoire naturelle, mai 2024. URL : https://www.mnhn.fr/fr/mary-anning-pionniere-en-paleontologie#:~:text=pionni%C3%A8re%20en%20pal%C3%A9ontologie-,Mary%20Anning%2C%20pionni%C3%A8re%20en%20pal%C3%A9ontologie,reconnue%20pour%20ses%20d%C3%A9couvertes%20remarquables. [Consulté le 5 décembre 2024].

Mary Anning (1799-1847), The Geological Society of London. URL :  https://www.geolsoc.org.uk/Library-and-Information-Services/Collection-Highlights/Women-and-Geology/Mary-Anning. [Consulté le 5 décembre 2024].

Peggy Vincent, Alex Lena, Nathalie Bardet, « La paléontologie au féminin : les pionnières du XIXe siècle », Echosciences Pays de la Loire, 15 juillet 2024. URL : https://www.echosciences-paysdelaloire.fr/articles/la-paleontologie-au-feminin-les-pionnieres-du-xixe-siecle. [Consulté le 5 décembre 2024].

Notes de bas de page

  1. Selon le Muséum d’histoire naturelle de Paris. ↩︎
  2. Traduction libre : “the extraordinary thing in this young woman is that she has made herself so thoroughly acquainted with the science that the moment she finds any bones she knows to what tribe they belong. She fixes the bones on a frame with cement and then makes drawings and has them engraved…It is certainly a wonderful instance of divine favour – that this poor, ignorant girl should be so blessed, for by reading and application she has arrived to that degree of knowledge as to be in the habit of writing and talking with professors and other clever men on the subject […]” ↩︎
  3. Peggy Vincent, Alex Lena, Nathalie Bardet, « La paléontologie au féminin : les pionnières du XIXe siècle » , Echosciences Pays de la Loire, 15 juillet 2024. ↩︎

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