REPORTAGE : EXTINCTION RÉBELLION RÉCLAME LA FIN DES PESTICIDES, IMMERSION DANS UN GROUPE LOCAL

À Paris, les groupes locaux du mouvement Extinction Rébellion luttent contre l’effondrement écologique. Chaque début de mois, ils mènent des actions de désobéissance civile dans le cadre de leur campagne « Changement de Régime ». Ils appellent à changer les pratiques agricoles, à en finir avec les pesticides écocides.

« Rdv 20h à l’entrée des Arènes de Lutèce, rue de Navarre. » 

Ce soir, les membres de « XR » ? Extinction Rébellion pour les intimes ? se retrouvent pour une action « Collage d’affiches et de pochoirs contre les pesticides ». 

Wombat*, cinquantenaire aux yeux rieurs, est l’un des premiers arrivés. Bonhomme, il farfouille dans son sac et tire un tupperware en verre rempli d’amandes. Il fait le tour du petit groupe qui se forme peu à peu, devant le portail du parc : « Quelqu’un en veut ? C’est pour se donner un peu de force avant de passer à l’action ! »

« Un mouvement très horizontal »

Ils sont une vingtaine à avoir répondu présent. « C’est beaucoup », indique Gecko, coordinateur de la campagne. « Le collage, ça ne sonne pas hyper sexy dit comme ça, mais ce sont des actions non-violentes accessibles à tous, poursuit-il. Tout le monde n’est pas prêt à prendre des risques physiques et juridiques. »

Le mouvement a beau être pacifique, les gardes à vue sont fréquentes. Pour que rien ne soit révélé aux forces de l’ordre, Cami, organisateur de l’action, invite chacun à déposer son téléphone dans un sac. Pendant qu’il détaille la façon dont les deux groupes de colleurs-pocheurs vont procéder, Gecko chuchote : « XR c’est très horizontal. Il y a des kits proposés sur le site pour que chacun puisse organiser son action avec. C’est hyper décentralisé, les gens motivés gèrent le truc de A à Z. Ensuite, ils proposent aux membres de leur locale de participer, et chacun choisit un rôle plus ou moins risqué. »

« Action » rébellion

Mais déjà, le brief est fini, les bavardages reprennent. On amène des sacs emplis d’affiches, de colle, de peinture, de pochoirs. « Je peux fairecolleuse ? », s’exclame une nouvelle recrue. « Je m’occupe de prendre des photos ! » lance une autre un peu plus loin. « Il nous manque un guetteur ! » observe Cami. Gecko fait tinter la sonnette de son vélo. C’est acté. Maintenant, direction rue Mouffetard ? pleine de monde. Ici, la devanture d’un magasin qui a fermé. Un regard à gauche, un regard à droite. L’un étale la colle au rouleau, l’autre applique le poster, nouveau coup pinceau et hop, en cinq minutes, « c’est plié ».

« C’est super beau non ? » s’exclame Rapha face au mur désormais recouvert d’affiches. Casquette vissée sur la tête, la trentenaire admire son travail. Ça fait quatre ans qu’elle a rejoint Extinction Rébellion. « L’affichage c’est une addiction ! s’exclame-t-elle en riant. Une fois que t’as commencé, tu peux plus t’arrêter. » La raison de cette passion, avoue-t-elle un peu plus tard : son « éco-anxiété ».

« La biodiversité ne touche pas les gens »

« Le problème, expose Wombat en poussant son vélo, c’est que la

biodiversité ne touche pas les gens… alors que les pesticides flinguent les écosystèmes ! Y a de moins en moins d’oiseaux, d’insectes… et on est tous interdépendants. » L’une de ses références phares : Silent Spring, de Rachel Carson.

Cet essai scientifique, paru dans les années 1960, alertait déjà sur la dangerosité des pesticides. 

Plus de soixante ans plus tard, selon une étude des universités de Sydney et du Queensland, la tendance mondiale est à une diminution de 2,5

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