Mises en place en 2018 suite à la loi Climat pour répondre aux normes environnementales de l’Union européenne et à l’objectif de neutralité carbone pour 2050, les zones à faibles émissions (ZFE) ont pour but de réduire la pollution de l’air au dioxyde d’azote des pays européens où le trafic routier génère la majorité des gaz à effet de serre.
En France, cette mesure vise à limiter la circulation des véhicules possédant une vignette Crit’Air élevée (type 4, 5, et même 3 depuis le 1er janvier 2025). Seul bémol, l’attribution de ces fameuses vignettes ne se base pas sur les émissions réelles du véhicule, mais sur des critères tels que le type de carburant ou l’année de mise en circulation du véhicule. À Paris précisément, les ZFE sont dites « actives » entre 8 h et 20 h et les sanctions ne sont prévues qu’à partir du début de 2026, sous forme d’amendes allant de 68 à 135 euros. Des dérogations sont aussi prévues, notamment pour les gens dont la profession oblige à traverser ces zones ou pour les véhicules de transports en commun. Même si la mesure n’est pas nouvelle, son élargissement progressif inquiète les usagers et soulève des questions socio-économiques.
Une politique injuste ?
Alors que cette loi est avant tout présentée comme une solution contre les problèmes de santé liés aux gaz à effet de serre — qui provoqueraient plus de 40 000 décès par an selon Santé Publique France —, les Français les plus modestes ainsi que les industriels de l’automobile semblent peu convaincus.À l’image d’Alexandre Jardin, certains parlent d’une « bombe sociale » et ont fait de ces « zones à fortes exclusions » un motif de lutte acharnée.
Cette loi est-elle pour autant abusive ? C’est en tout cas ce que pense la majorité des Français qui voient en elle une atteinte à l’égalité et au droit fondamental de circulation.
Le problème est cependant avant tout économique, car 51
L’industrie automobile pourrait être également touchée par cet élargissement des ZFE en raison de la perte de valeur de certains véhicules parfois invendables en raison d’une classification environnementale trop élevée.
Quelles solutions pour l’avenir ?
Le coût sanitaire engendré par la pollution dans les villes ne cessant d’augmenter, annuler cette loi semble inenvisageable, d’autant que la France perçoit des aides de l’Union européenne relatives aux ZFE.
Cependant, face à la montée des oppositions, une demande d’amendement a été déposée le 9 avril 2025 pour que seules les métropoles de Paris et de Lyon — qui dépassent les seuils de pollution autorisés — soient tenues d’imposer les ZFE. De plus, le gouvernement souligne les nombreuses aides financières déjà mises en place pour aider les particuliers à acquérir des véhicules électriques neufs ou d’occasion pouvant aller jusqu’à 1600 euros. D’autres solutions ont été proposées pour apaiser les tensions, comme la mise en place d’un pass 24 h, pour permettre à certains de circuler temporairement dans une ZFE. Les partisans de l’écologie pensent aussi que cette mesure pourrait à l’avenir permettre le développement de nouveaux moyens de locomotion, plus propres pour l’environnement, tels que le vélo cargo ou le covoiturage. La majorité des Français voit au contraire en cette mesure la preuve de l’indifférence du gouvernement face à leurs difficultés économiques. Les discussions autour des ZFE ne sont donc pas prêtes de s’arrêter, d’autant que les voitures Crit’Air 2 pourraient être concernées d’ici 2028, de quoi alimenter encore longtemps le débat.
Anaïs Boulard