Mohamed Aïssaoui est un écrivain et journaliste français ayant obtenu notamment le prix Renaudot en 2010 pour son essai L’Affaire de l’esclave Furcy paru chez Gallimard. Avec son roman Les Funambules paru en septembre 2020, également chez Gallimard, il ne passe pas inaperçu en cette rentrée littéraire. Cette fiction fait le récit de la vie d’un jeune homme qui, par le biais de l’écriture, va donner la parole aux plus démunis.
Comment s’en sortir dans la vie quand on est dans un environnement instable et issu d’un milieu défavorisé ? C’est la question que soulève le roman de Mohammed Aïssaoui. Les Funambules est avant tout une rencontre avec des inconnus, tous plus ou moins dans le besoin : des sans-abris, pour la plupart, certains issus de milieux très modestes et d’autres qui ont tout perdu. C’est à travers un narrateur anonyme, jusqu’à la fin du roman du moins, que nous rencontrons ces personnes. Ce narrateur, lui aussi issu d’un milieu défavorisé, a su sortir de la cité Anne Frank d’Ozoir-la-Ferrière. L’ambiance du milieu décrite dans ce roman nous plonge au cœur de témoignages donnés par ces personnages qui savent nous toucher dès la deuxième page. La portée de l’ouvrage n’est pas seulement sociologique, on y trouve aussi celle de l’amour. Nous y trouvons ainsi non seulement l’amour décrit par le narrateur, transmis par toutes ces personnes, mais aussi la recherche du grand amour, déchu il y a tant d’années : Nadia. C’est la recherche de cette femme qui entraîne ces rencontres avec “les funambules de la vie” mais aussi avec les bénévoles des différentes associations que le narrateur a lui même connus.
De cette lecture, on en ressort bouleversé et partagé entre un profond sentiment d’espoir et une certaine culpabilité injustifiée provoquée par une compassion naturelle. C’est une invitation à l’introspection. Le narrateur fait face à la misère des autres qui le ramène à sa propre existence car il est lui aussi, malgré sa réussite, tout autant perdu que ces funambules. Il a lui aussi des failles dont il est conscient. Pourquoi se replonger dans son passé, pourquoi toujours revenir à la cité Anne Frank et pourquoi vouloir retrouver Nadia, perdue de vue il y a dix-sept ans déjà ?
Ce récit est un apprentissage de la compassion mais aussi une prise de conscience de l’unicité de chaque personne dans le besoin. Ce recueil de témoignages démantèle les idées préconçues à propos des défavorisés. Les Funambules est une leçon d’humanité pour le lecteur et une introspection abrupte sur notre propre quête d’identité.
Claire Tudoret
Sources :
- couverture : https://onechapteraday.fr/rentree-litteraire-2020-gallimard/
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