Quand Macron est sacré « Champion de la Terre » par l’ONU pour ses ambitions incarnées par le percutant « Make our planet great again » et que des « Marches pour le climat » déferlent sur Paris, on est facilement pris par la bonne humeur.
Au risque de céder à un triomphalisme naïf, il ne faudrait pas oublier, parmi tant d’exemples, que Nicolas Hulot a claqué la porte d’un gouvernement qu’il ne juge pas à la hauteur des enjeux écologiques, que le glyphosate n’est toujours pas interdit en France ou encore que le rapport du GIEC prédit des conséquences tragiques pour l’environnement. Les thèses du dérèglement climatique et du désastre écologique ne sont pourtant plus à démontrer. Alors que faire pour éviter la catastrophe ?
Indignés face à la passivité générale, des citoyens s’activent depuis des années en traduisant leur prise de conscience en actions individuelles : tri des ordures, utilisation de moyens de transports peu polluants, consommation de produits locaux. Mais a posteriori cette bonne volonté serait insuffisante. « Les résultats statistiques ne montrent aucune différence entre l’impact des consommateurs éco-conscients et des autres » comme le souligne une étude de l’université de Saint-Gall. La solution viendrait-elle des marchés ? Après tout, depuis que le consommateur français demande du bio, la loi de l’offre et de la demande exauce son souhait. C’est là où libéralisme acharné et écologie deviennent antithétiques. L’un se concrétise en un système où les acteurs ne survivent qu’à condition que leur entreprise dégage des profits sur le court terme. L’autre réclame une consommation plus modérée de ressources limitées et une planification de la production sur le long terme.
Pour l’astrophysicien Aurélien Barrau et les 200 personnalités ayant signé sa tribune dans le journal Le Monde, c’est à l’État de répondre à ces exigences en donnant le feu vert aux grands chantiers écologiques. Ceux-ci existent bien et n’attendent que d’être lancés. Ils sont présentés par le « Nouveau Manifeste » du collectif des Économistes atterrés ou encore par William Nordhaus et Paul Romer, récompensés par le prix Nobel d’économie 2018 pour leurs travaux sur la croissance durable. Faisant le tour des médias, le citoyen Barrau n’a de cesse de scander son crédo, qui saura devenir celui de notre génération : « Toute politique qui n’est pas prioritairement écologique est aujourd’hui caduque ».
Guillaume MOINARD
Illustration : Rolando CRUZ