Hier la Lune, demain Mars, bientôt le système solaire, la Voie lactée et enfin l’Univers ! En ce début de second millénaire, nous entamons la conquête de l’Espace… à moins que ce dernier ne se laisse pas dompter si facilement. Cette entreprise connaît de nombreux facteurs limitants. Le premier étant sans surprises la somme monumentale que nécessite la réalisation d’une mission spatiale. Bâtir l’ISS est revenu à 150 milliards de dollars, en faisant la construction la plus coûteuse de l’Histoire.
Toutefois, à la même époque, 2000 milliards de dollars ont été dépensés par les États-Unis pour la guerre en Irak. On réalise alors qu’un verrou, plus imposant encore que les problèmes budgétaires, provient de la difficulté de convaincre les politiques d’investir dans l’exploration spatiale.
Des ressources abondantes et des politiques enjoués à l’idée de développer le chantier du spatial ne suffiraient cependant pas à nous emmener par delà les orbites des géantes gazeuses. Encore faudrait-il développer les technologies à la hauteur de nos ambitions. Rappelons que la méthode actuelle consiste à allumer un énorme pétard sous les fesses de quelques spationautes coincés dans une solide boîte de conserve.
Toutes ces limites peuvent être dépassées. Malheureusement, des barrières moins franchissables restent imposées par la Nature elle-même. Aux dernières nouvelles, la célérité de la lumière est un optimum, limitant notre vitesse, quelle que soit la technologie employée. Néanmoins, imaginons-nous à bord d’une cité spatiale fendant les cieux à une vitesse s’en rapprochant. Ne pourrions-nous pas parcourir des distances astronomiques tout en renouvelant les voyageurs grâce à la vie de cette microsociété ? Malgré les périodes de temps colossales que cela nécessiterait, aucune région du cosmos n’apparaît hors de portée !
Cela n’est qu’un à priori. N’omettons pas une information cruciale : l’expansion de l’Univers. Celle-ci est si importante qu’elle nous cantonne au Groupe Local, une région restreinte de l’Univers, composée de notre galaxie, Andromède et quelques galaxies naines. Un grain de poussière au sein des vastes étendues que nous désirons explorer. Ces contraintes nous rappellent ô combien il nous est impossible de décrocher les lointaines perles du firmament.
Mais pourquoi courrait-on après un trésor qui ne cesse de se soustraire à notre emprise si ce n’est, justement, pour le bonheur que procure l’acte d’être en quête d’une grandeur qui nous dépasse ? Il y a plus de 500ans, l’Occident se projetait par delà l’océan et les abysses, vers l’inconnu et les mystères. Les navires gonflaient leurs grands draps immaculés pour des voyages sans certitude de trajet retour. Demain, des voiles solaires projetteront nos vaisseaux toujours plus en avant vers les limites de l’humanité, à jamais inatteignables, mais dont l’existence offrira éternellement une raison d’être aux explorateurs qui s’élanceront dans cette quête.
Guillaume MOINARD