Rassemblement du 8/12

Étoile

5h30, les premières sirènes de polices retentissent. Je descends alors dans des rues désertes où tous les commerces, comme s’ils se préparaient à une tempête, sont barricadés.
Vers 6h, plusieurs groupes de manifestants tentent de rejoindre la place de l’Étoile. Les plus chanceux sont fouillés par des CRS qui leur confisquent sérum physiologique et masques quand d’autres étaient directement interpellés. En faisant le tour de la place, j’aperçois les fameux blindés.
A 8h, je rejoins les Champs Elysées. Ambiance bon enfant : différents groupes de gilets jaunes présents, certains cherchent à passer à la TV, d’autres discutent. Une fois un gros groupe formé, ils remontent les Champs Elysées huant au passage les différents policiers qui bouclent les rues adjacentes à l’avenue. Mais le tout est calme.

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Nous quittons les Champs Elysées. Malgré le calme, on sent que la tension peut tout faire basculer. Voulant quitter l’avenue, je comprends vite que la police est en train de bloquer
tout le monde. Par chance, je sors par la rue Arsène Houssaye, dernier point de sortie, lui-même bouché quelques minutes après mon passage. Pris de panique, des manifestants tentent alors de forcer le barrage de CRS. Des salves de lacrymogènes gazent l’ensemble des manifestants sur les Champs Elysées. Les CRS s’engouffrent alors dans le nuage de gaz pour aller au contact des manifestants. Certains gilets jaunes chantent « La police avec nous ! » sans succès, sous les bruits des détonations.

 

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L’après-midi commence, après quelques petits affrontements entre policiers et premiers « casseurs », uniquement localisés dans des petites zones excentrées dans lieux symboliques. Arrivé à 200m de l’Elysée, d’importants barrages contrastent avec la poignée de manifestants plus curieux que violents. En haut de l’avenue Friedland, un épais nuage noir se dessine. Plusieurs gilets jaunes regardent passifs le nuage brûler.

Une ambulance arrive, très vite les premiers gilets 10 mètres plus loin, je suis entouré par un groupe s’efforçant de casser les vitres de nombreux bureaux et empêchant les pompiers d’accéder à leur brasero. Le feu n’étant plus contrôlable, des casses se multiplient, la police décide de gazer massivement.

Ceux qui semblent être les derniers gilets jaunes pacifiques s’en vont. La situation dégénère très rapidement, de plus en plus de manifestants vont au contact des forces de l’ordre. Les colonnes de CRS cherchent à entourer la foule. Au niveau de la salle Pleyel, la police tire aussi bien aux flashballs qu’à la lacrymogène sur les divers manifestants.
50 mètres plus loin riverains et gilets jaunes profitaient des cafés encore ouverts.

 

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La nuit tombe, j’avance vers Saint Augustin. Les policiers présents ont l’air exténués et observent un camion prendre feu alors qu’un riverain tente de l’éteindre avec un extincteur. Les pompiers s’affairent un peu plus loin – il est impossible de contrôler tous les feux. Des riverains viennent contempler les dégâts, d’autres entrent dans des boutiques vandalisées. Cette drôle de journée touche à sa fin, laissant avec elle des sentiments contrastés.
Une seule certitude : j’ai hâte de couvrir l’acte 5.

Alban GEORGE

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