Netflix aux portes du cinéma

C’est une véritable histoire que l’aventure Netflix aujourd’hui. Toi lecteur, tu sais que tu pourras découvrir la série en vogue du moment (Narcos ou plus récemment Stranger Things, Casa de Papel) sur ton ordinateur en t’abonnant à Netflix. La série est le domaine du petit écran, télévision ou ordinateur, où Netflix s’est imposé comme le King.

Mais Netflix c’est aussi des films. Et pas seulement des classiques pour plaire aux abonnés comme Inglorious Bastards par exemple. La plateforme remplit à la fois les rôles de producteur, distributeur et exploitant de nouveaux longs-métrages. Le phénomène avait déjà fait parler de lui l’année dernière lors du « Scandale Netflix » au Festival de Cannes. À l’aube de l’édition 2018, nous revenons sur ce combat qui oppose le Graal des festivals de cinéma au géant du streaming.

Rappel à l’ordre

Qu’est-ce qu’un film ? C’est en tout cas une œuvre cinématographique pour le Festival de Cannes. Et qui dit œuvre cinématographique dit projection en salle. Cela allait de soi jusqu’à présent, mais l’année dernière l’idée qu’un film Netflix, exclusivement disponible sur la plateforme en ligne, puisse remporter une palme a poussé Thierry Frémaux à ajouter une règle : « Ne seront sélectionnés en compétition officielle seulement les films qui seront distribués en salle ». Quel est le problème ? Eh bien c’est que la loi française sur la « Chronologie des médias » impose 36 mois d’attente entre la projection d’un film et sa mise à disposition sur les plateformes de streaming. C’est là que se trouve le « couac » pour Netflix, qui bien entendu souhaite mettre ses films à disposition des abonnés le plus vite possible.Pedro Almodovar, président du jury Cannes 2017 avait déclaré lui-même ne pas vouloir offrir la Palme d’Or à un film qui ne sortirait pas en salle. Parce qu’un film se voit en salle, et que c’est là le meilleur lieu pour apprécier une œuvre cinématographique dans son ensemble. Car oui, ce n’est pas « juste un écran plus grand », mais une qualité sonore nettement supérieure, l’impossibilité de mettre sur pause, l’obligation (relative) de garder le silence. Bref, la vraie question au fond est : est-ce qu’à l’ère de Netflix le cinéma doit migrer de la salle au salon ? Cannes la joue-t-elle trop « old school » ou bien est-ce son rôle de préserver l’essence du cinématographe ?

Netflix prend la porte

Cinq films Netflix ont été soumis au comité de sélection de Cannes cette année. Mais finalement, il semblerait qu’aucun ne soit présenté. Bien que Thierry Frémaux ait laissé la possibilité d’une sélection hors compétition pour ces films, Netflix refuse d’adopter cette posture en retrait face à ce « manque de respect » (ainsi formulé par Ted Sarandos, PDG de Netflix). Ainsi, c’est bien d’un boycottage dont il s’agit, mais pas d’une « guerre ouverte ». En effet, Thierry Frémaux a tenu à rappeler qu’il restait en bons termes avec Ted Sarandos et qu’ils essaieraient de trouver ensemble des solutions pour l’avenir. Néanmoins, les enjeux sont gros ; tant économiques que pour l’avenir du cinéma.

Pierre DE LA FOREST

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