Une monnaie pour Paris : la Pêche

Une monnaie locale, comme son nom l’indique, a avant tout une visée régionale ou communale. Son but est de promouvoir les emplois locaux, les petits commerces et d’éviter la fuite d’argent en dehors du territoire.

Une Monnaie pour Paris (MoPPa) est une association qui s’engage à distribuer de “la pêche” sur le territoire parisien. Cette monnaie locale, historiquement créée à Montreuil par l’association La Pêche Monnaie Locale en 2014, a commencé à être diffusée à Paris en 2018. Nous avons rencontré Lucas et Léna, les deux salariés de MoPPa, qui ont partagé leur vision avec nous. 

 

Léna : « Pour moi, les monnaies locales sont la convergence de toutes les luttes. En soutenant une monnaie locale, on soutient aussi plus d’actions environnementales, sociales et démocratiques. C’est comme être bénévole dans une association, sans même devoir y accorder beaucoup de temps; il suffit de consommer avec  une autre monnaie ».

Lucas : « Tous ces avantages m’ont personnellement motivés à rejoindre une Monnaie pour Paris. Entre travailler pour une entreprise environnementale et une association sociale ? Je n’ai pas eu de choix à faire ! »

 

Comment utiliser des pêches ? 

Utiliser une monnaie locale c’est comme utiliser des euros : une pêche vaut un euro et tous les prix sont identiques. Pour obtenir des pêches, il faut tout d’abord devenir adhérent de l’association (de 1 à 10€ pour une adhésion de base) puis échanger ses euros en pêches dans un comptoir de change. De plus, à chaque échange, MoPPa met en circulation 3% de pêches en plus et l’utilisateur peut alors choisir où ira cette somme. Cela permet de soutenir certaines associations caritatives ou d’avoir quelques pêche en plus pour soi-même (pour ceux qui ont un budget serré).

 

Pour quels bénéfices ?

Concrètement, en quoi cela va changer notre quotidien d’échanger en pêche : il va falloir fournir l’effort de se déplacer en allant dans les comptoirs de changes et les commerces qui acceptent la pêche. Mais tout cela est largement contrebalancé par les bénéfices, qui ne sont pas forcément immédiats pour l’utilisateur, mais pour la Société ! Cela permet de soutenir l’économie responsable locale et de savoir où va son argent.

De plus, en convertissant des pêches en euros, MoPPa place cette somme sur un fond de garantie chez la NEF; la seule banque française qui publie tous ses investissements et qui ne prête qu’à des projets liés à l’écologie, le social ou le culturel. La NEF s’engage aussi à prêter deux fois le montant du fond de garantie sur le territoire parisien.

D’où vient le nom « la pêche » ? 

Le nom est issu des vergers de pêchers, les murs à pêches, à Montreuil et du fait que cela a toujours été une petite fierté locale. Et toutes les expressions que l’on pouvait faire avec « la pêche » ont dû plaire aux fondateurs !

 

Existe-t-il une différence entre La Pêche Monnaie Locale à Montreuil et Une Monnaie pour Paris ?

MoPPa était déjà une association avant de rejoindre sa « sœur » à Montreuil, qui avait déjà développé sa vision et ses valeurs pour une monnaie locale. En particulier, la charte de MoPPa est un peu plus stricte en matière d’écologie et de respect des droits des animaux, tandis que l’association de montreuil s’ouvre à davantage de commerces indépendants. En tout cas, on peut aussi bien payer en pêche à Paris, qu’à Montreuil.

 

Est-ce que vous pensez vous développer davantage avec les étudiants ?

Nous sommes pour l’instant uniquement présent sur le campus de Sciences Po où l’association PAVéS (plateforme autogérée à visée écologique et solidaire) gère la cafétéria et accepte la monnaie locale. Mais en effet, nous voudrions nous investir davantage dans le milieu étudiant !

 

Et si l’on payait bientôt nos impôts en monnaie locale ? 

Avec la législation française ont est obligé de payer ses impôts en euros, mais dans certaines villes il est par exemple possible de payer la piscine, les transports ou les vélos en libre service en monnaie locale. C’est le cas par exemple à Grenoble où même la mairie est comptoir de change. Pour l’instant, on a déjà eu une petite subvention de la mairie de Paris mais il reste encore du chemin à faire…

 

En bref

La pêche circule depuis mai 2018 et regroupe déjà 400 adhérents. En tout, c’est plus de 30 000 pêches qui circulent sur le marché pour 36 commerces qui l’acceptent sur Paris.

On compte déjà quatre comptoirs de change à Paris :

 

Retrouvez la carte interactive des commerces qui acceptent la pêche sur : unemonnaiepourparis.org

Maxime ANGELY et Alexandre FOLLIOT