Le renouveau des protections périodiques

La première serviette fut commercialisée en 1896. De nos jours, il s’agit de la protection périodique la plus utilisée par les femmes pendant leurs règles. Cependant, avec le temps, de nombreux moyens de protections apparaissent sur le marché, concurrençant la fameuse serviette, et palliant parfois aux nombreux problèmes qui lui sont liés.

Des “classiques” 

Chacun connaît les très célèbres serviettes hygiéniques et tampons qui envahissent souvent les placards des salles de bains quand il s’agit de protéger le fond de sa culotte pendant les règles. Ce sont les protections périodiques les plus utilisées mais aussi les plus médiatisées.

Nombreux sont les spots publicitaires qui introduisent LE nouveau produit, en montrant des femmes pratiquant une activité sportive ou affrontant le quotidien un sourire aux lèvres et fières de leur protection hygiénique. Mais peu de ces publicités montrent réellement les serviettes hygiéniques et autres protections comme il se doit. Nous ne pouvons passer à côté des nombreuses polémiques qui voient le jour à propos de la représentation du “sang” dans ces publicités. Ce fameux “sang bleu” qui remplace le véritable sang menstruel, choquant ou inesthétique. C’est pourtant la vérité qu’il convient de montrer puisqu’il s’agit de dispositifs d’hygiène intime nécessaires, pas simplement de produits de “beauté”.

Il s’agit d’un véritable marché économique, qui amène depuis peu à de nombreux débats à propos de la gratuité de ces produits d’hygiène féminine nécessaires. Nous parlons de 1447 serviettes hygiéniques utilisées chaque seconde, soit 45 milliards par an, selon le site Planétoscope, qui vous permet de voir en temps réel combien de ces protections sont consommées dans le monde. (https://www.planetoscope.com/hygiene-beaute/1598-consommation-mondiale-de-serviettes-hygieniques.html ).

Des protections pas si protectrices ?

Ces protections classiques font état de nombreuses critiques quant à leur composition mais aussi à la pollution qu’elles engendrent. Malgré les packagings aux design colorés et le nombre de modèles disponibles (adaptés à la nuit, triple épaisseur, parfumés, souples, etc.), les protections périodiques classiques ne sont ni toutes roses ni transparentes. En effet, les serviettes hygiéniques semblent être de véritables concentrés technologiques dont la consommatrice ne connaît pas assez la composition. Acheter ce genre de produit revient plus à un réflexe nécessaire qu’à une véritable étude approfondie du produit, bien peu sont celles qui lisent la composition de leurs protections. Il en existe de toute sorte et de toute taille pour s’adapter au besoin de chaque consommatrice, mais parfois, certaines de leurs caractéristiques sont à la fois dangereuses pour la santé et pour l’environnement. Ces « protections », qui sont au plus près de l’intimité féminine, constitueraient alors un risque?

Les serviettes et tampons contiennent des pesticides comme le lindane ou le quintozène, interdits dès les années 2000, comme le montre un rapport de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) de 2018. Ce rapport met en avant de nombreux composés chimiques « préoccupants » constituant ces protections. Prenons l’exemple des serviettes hygiéniques parfumées, qui utilisent des additifs chimiques. Certaines peuvent alors causer des irritations ou des brûlures au niveau de la flore vaginale, très sensible. Une substance parfumante, le BMHCA, fait partie de la composition de ces protections, mais il s’agit d’un perturbateur endocrinien potentiel -ce sont des substances chimiques qui ont des effets néfastes sur la fertilité et peuvent causer des cancers hormono-dépendants à trop haute dose. Les procédés de blanchiment des produits peuvent s’avérer eux aussi néfastes pour la flore vaginale puisqu’ils utilisent du chlore, très agressif au contact de la peau. C’est donc essentiellement les procédés de fabrication qui sont incriminés et qu’il convient de changer. Mais les rapports se veulent rassurants puisque la présence de ces substances reste jugée trop faible pour créer un véritable risque sanitaire.

Vers des alternatives écologiques

De nombreuses marques ont développé un label « biologique » qui vise à rassurer les consommatrices et responsabiliser la production de ces produits d’hygiène. Depuis quelques années, nous assistons également à l’essor de moyens alternatifs dans le cadre des protections périodiques. Vous connaissez surement la CUP ou coupe menstruelle, très utilisée par les jeunes femmes de nos jours, mais il ne s’agit pas de la seule innovation dans le domaine de l’hygiène féminine. De nombreuses entreprises, ou start-up, se sont lancées dans la production de protections périodiques lavables et même de culottes menstruelles. Mais alors, quels sont les avantages de ces nouvelles protections face aux moyens plus classiques ?

Certes, vous devrez payer plus cher à l’achat pour une protection lavable en coton bio (environ 15 à 25€), pour une culotte menstruelle (30€ à 60€s) ou pour une CUP (15 à 20€), que pour un paquet de serviettes hygiéniques (4€ maximum pour un paquet de 30 protections). Mais pas besoin de retourner chaque mois en magasin pour refaire son stock ! C’est là tout l’avantage d’utiliser des protections lavables, qui ont, bien entendu, la même capacité d’absorption que des protections classiques. Il en existe de toutes tailles (adaptées aux flux moyens comme aux flux les plus abondants, de jour comme de nuit) et les entreprises proposent des designs attractifs aux tissus colorés, avec ou sans motifs. Vous vous demandez sûrement comment tiennent ces protections d’un nouveau genre au fond de la culotte. Contrairement aux classiques bandes adhésives, il s’agit de boutons pressions qui permettent d’ajuster le dispositif. Les culottes menstruelles, ou sous-vêtements absorbants, présentent elles aussi les mêmes avantages économiques (à long terme on parle de 200€ d’économie en 5 ans selon la marque Réjanne) et écologiques. Avec autant de modèles différents, allant du shorty basique à la culotte avec dentelle, elles utilisent le même principe que les protections lavables.

Mais le véritable inédit dans ce renouveau des protections périodiques semble être la coupe menstruelle, la fameuse CUP. Ces petites coupes en silicone médical, peuvent être utilisées jusqu’à 12 heures d’affilées et se conservent pendant plusieurs années. Ces dispositifs représentent une véritable alternative écologique sur le long terme par rapport aux protections jetables. Il faut cependant bien s’informer quant à son usage (positionnement et retrait, lavage) pour éviter tout désagréments et dangers liés à ce dispositif. Il convient d’apprendre à placer correctement la coupe. Certaines sont vendues avec des applicateurs, pour les autres, il suffit de lire la notice qui explique comment la mettre. Mais l’étape la plus délicate reste le retrait, il faut bien faire attention à l’enlever comme il se doit pour éviter tout effet ventouse ou choc toxique. De plus, il est absolument nécessaire de laver et stériliser la CUP après chaque utilisation pour éviter tout risque sanitaire. C’est sans aucun doute la protection qui sollicite le plus la consommatrice en impliquant un véritable contact avec le sang. Il faut donc être assez à l’aise pour se tourner vers cette protection périodique.

Ma protection, mon choix

N’oubliez pas qu’une protection hygiénique est un dispositif avec lequel vous devez être complètement à l’aise. Chaque femme peut choisir selon son confort personnel. Les tampons et CUP impliquent une certaine proximité avec le corps et le sang qui peut déranger. Les serviettes hygiéniques, lavables ou non, peuvent être une protection plus “douce”. Tester est la clef pour trouver le type de protection périodique qui vous convient, que ce soit en fonction de votre mode de vie ou de vous convictions. Mais dans tous les cas, il est important de changer régulièrement la protection que vous avez choisi pour éviter irritations, mycoses, brûlures ou autres désagréments et de bien lire leur notice d’utilisation (et oui, mettre un tampon n’est inné pour personne, une CUP encore moins).

Nous évoquerons quand même le phénomène du “free flow instinct” qui consiste à contrôler soit même l’écoulement de son flux. Cela veut dire, se “retenir”, certaines le font sans même s’en rendre compte, d’autres par choix. Cette pratique suppose un rapport à son corps très étroit, une grande écoute et une maîtrise de celui-ci tout aussi savante. Mais pas de panique, cela s’apprend. Le flux instinctif libre n’est pas forcément inné non plus, il faut pratiquer pour maîtriser. Mais attention, cela peut avoir ses inconvénients. La communauté médicale en reste divisée pas cette pratique, entre danger bactériologique, puisque le vagin n’est pas un espace stérile, selon docteur Jacques Lansac ou “comme la cup, mais sans cup donc ce n’est pas spécialement risqué », selon le docteur Martine Mirau, dans une interview de 20 Minutes de 2015. Alors alternative écologique, oui, sanitaire, discutable, elle n’en reste pas moins faisable !

Les grandes surfaces proposent bien évidemment un grand nombre de protections jetables mais, comme les pharmacies, elles comptent désormais la CUP dans leurs rayons. Si vous souhaitez vous tourner vers des protections « alternatives », Alma Mater vous propose de découvrir les protections lavables de Dans ma culotte, que vous pouvez retrouver sur https://dansmaculotte.com/fr/ . En ce qui concerne les CUP, vous pouvez en trouver en grande surface ! Voici les marques commercialisées en France si vous souhaitez vous renseigner en amont : Amycup, Be’Cup, Dans ma culotte, DivaCup, Fleurcup, Louloucup, Lunéale, Lunette et Melun.

Pourtant, malgré ce grand nombre de produits disponibles sur le marché, la précarité menstruelle est une réalité. Les femmes ne sont  pas égales face aux protections périodiques. Alma mater vous propose de découvrir prochainement un article de Laure Defonte, traitant cette question brûlante.

Clémence Verfaillie-Leroux

Sources :

https://dansmaculotte.com/fr/

https://www.lemonde.fr/pollution/article/2018/07/19/des-substances-toxiques-dans-les-tampons-et-les-serviettes-hygieniques_5333356_1652666.html

https://fr.wikipedia.org/wiki/Coupe_menstruelle#Avantages_et_inconv%C3%A9nients

https://www.santemagazine.fr/sante/dossiers/puberte-et-regles/4-erreurs-a-ne-pas-commettre-avec-les-produits-dhygiene-menstruelle-326298

https://www.20minutes.fr/societe/1629887-20150612-ni-tampons-ni-serviettes-risquent-femmes-retenir-regles

Crédit image : Raphaëlle Dreyfus

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