La technologie au centre de l’Empire du milieu : l’intelligence artificielle

« Je pense avoir vu ça dans Black Mirror…» dû probablement être votre réaction en lisant les dernières nouvelles concernant la Chine, et il se pourrait bien que vous ayez eu raison.

Depuis le 1er décembre 2019, en Chine, la reconnaissance faciale est devenue obligatoire pour souscrire à un forfait téléphonique. Désormais, après avoir été scanné, le visage des clients rejoindra une base de données où il sera associé à leur numéro de téléphone. Cette directive, provenant du Ministère des Industries et des Technologies de l’Information, s’inscrit dans une démarche plus globale du gouvernement chinois visant à mieux contrôler l’opinion publique. 

En effet, on trouve déjà dans le pays plus de 20 millions de caméras de surveillance équipées de cette même technologie. Performantes, elles permettent l’identification des opposants au régime par l’analyse de la foule. C’est de cette façon que les autorités chinoises combattent depuis maintenant sept mois les manifestants pro-démocratie Hong-Kongais. Ainsi, le gouvernement chinois, en renforçant le contrôle du cyber espace, entend renforcer celui de l’espace urbain. 

Bien qu’il justifie ses actions par sa volonté de « préserver les droits légitimes des citoyens en ligne », le gouvernement chinois, alloue au ministère utilisant la base de données nationale comme un outil de répression politique un budget équivalent à 70 milliards de dollars. Il s’agit du budget le plus élevé du monde dédié à l’innovation et la recherche. Le second, américain, s’élève à 4 milliards de dollars. Alors, on peut se demander comment fonctionnent ces intelligences artificielles et pourquoi le gouvernement chinois semble si convaincu de leur efficacité ? 

Selon Franck Plazanet, informaticien de formation, on peut définir l’intelligence artificielle comme un algorithme capable d’apprendre de lui même. Cela est rendu possible grâce au machine learning : soumis à un nombre conséquent de données sélectionnées par son programmeur, l’algorithme devient capable de développer une logique lui permettant, une fois sa tâche définie, d’adapter son comportement à des situations spécifiques. Bien qu’il soit simulé, le fonctionnement d’une intelligence artificielle est similaire à celui d’un cerveau humain. Tous deux adaptent leur action à la situation dans laquelle ils se trouvent.

Toutefois, bien qu’autonomes à un certain degré, la puissance de ces algorithmes réside en leurs serveurs informatiques. Puissants, ils amplifient leurs qualités, soit une grande mémoire et une grande capacité de calcul. Ce sont eux, déterminants, qui justifient l’emploi croissant d’intelligences artificielles dans des domaines où leurs qualités sont indispensables tels que la comptabilité, la traduction, l’industrie, la prévision météorologique ou financière et bien évidemment, la reconnaissance faciale. 

Néanmoins, les IA font l’objet d’une régulation sévère dans le reste du monde. En France, c’est en 2017 que le premier ministre, Édouard Philippe, missionne le mathématicien et député LREM Cédric Villani de la réalisation d’un rapport portant sur l’intelligence artificielle, qui permettrait à la France de se positionner sur le sujet. Après étude, le député recommande de concentrer leurs actions dans les domaines de la santé, de l’écologie et de la défense. Celles-ci devraient être accompagnées de la mise en place d’un comité de l’éthique de l’intelligence artificielle, veillant à ce que ces dernières ne reproduisent pas de biais sociaux tels que le racisme ou le sexisme. Selon Villani, « L’IA ne peut pas être une nouvelle machine à exclure ».

Ainsi, qu’il soit social, politique ou économique, l’usage des intelligences artificielles reste avant tout polémique. Remettant en question les notions de libertés individuelles et d’anonymat un consensus nécessite d’être établi avant d’en faire usage à grande échelle. Toutefois, ayant pressenti son potentiel, la Chine communiste y voit le moyen de pérenniser son modèle. 

Jesse EKO EBONGUE

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