C’était il y a neuf ans. Le 17 Décembre 2010, un vendeur tunisien de légumes ambulant s’immole à Sidi-Bouzid — ville tunisienne importante pour la commercialisation agricole. Ce suicide entraîne une vague de colère chez les habitants qui sortent très vite dans la rue pour protester la hausse des prix et les conditions de vie de plus en plus difficiles. Aussitôt, le mouvement se propage à Tunis, la capitale. Les revendications prennent ensuite de l’ampleur, allant jusqu’à la demande de départ du président Ben-Ali — au pouvoir depuis vingt-trois ans. Cela sera chose faite : il sera congédié le 14 Janvier 2011, date qui marque dans le même temps le début d’un mouvement de contestations appelé Printemps arabe.
Quelques jours plus tard, vers le sud, l’Égypte se révolte à son tour. Prenant exemple sur leurs voisins tunisiens, les Égyptiens demandent du travail ainsi que la baisse des prix. Peu importe la religion pratiquée, ces derniers sont soudés et veulent in-fine chasser du pouvoir Hosni Moubarak qui occupait la présidence depuis trois décennies. La situation est considérée par beaucoup comme une dictature, le peuple à l’unisson et d’une seule voix clame qu’il ne sent pas libre. Un vrai souffle d’espoir est apporté le 11 février 2011, lorsque Moubarak se retire.
Comme dans un véritable effet domino, c’est ensuite au tour du peuple libyen de faire entendre sa voix. Cependant, Khadafi ne l’entend pas de cette oreille et décide de réprimer violemment les manifestations. S’en suivra une guerre civile qui aura pour résultat la mort du dictateur libyen en octobre de la même année. D’autres pays du monde arabe connaissent ensuite cette période d’éveil, à l’instar de la Jordanie, du Yémen ou encore du Maroc. En revanche, suite aux évènements le Maroc changera seulement de constitution.
Qu’en est-il de la situation de ces pays aujourd’hui ? Le Printemps arabe a-t-il porté ses fruits ? Malheureusement, on ne peut que constater un bilan très contrasté selon les régions. Tandis qu’en Libye et en Syrie, la guerre fait ravage — le pouvoir aux mains d’entités corrompues et malfaisantes —, l’Égypte connaît une nouvelle forme de dictature avec Abdel Fateh Al-Sissi bien que moins violente. En Afrique du Nord, si le Maroc est stabilisé, la démocratie tunisienne s’est vue confrontée à une longue et houleuse élection présidentielle en 2019. Quant à l’Algérie, après le départ de Bouteflika c’est l’armée qui s’est emparée du pouvoir, plongeant le pays dans une situation d’incertitude politique.
Rayane OULMANE