L’invisible dans le fantastique : quand on ne voit plus.

La question de l’invisibilité traverse les âges et les arts, question à la fois fondamentale et nécessaire pour interroger les actions et les responsabilités de l’homme. Qui, dans une situation terriblement gênante, n’a pas un jour rêvé de disparaître ?

Cela aurait été possible par exemple avec l’anneau de Gygès, imaginé par Platon, qui sera repris bien plus tard dans le très connu Seigneur des Anneaux. Frodon y utilise l’anneau forgé par le seigneur des ténèbres : Sauron. Autre objet utile à l’invisibilité :  la cape d’invisibilité, dans Harry Potter. Dans un univers magique on lie l’invisibilité à un ancien mythe, et non à un simple tour de magie. L’invisibilité dans ces deux sagas populaires est donc traitée à des fins personnelles, étant jugée comme une aide afin d’atteindre un but, quel qu’il soit. Cette aide matérielle ne représente donc pas un pouvoir en soi.

Au cinéma, c’est en 1933 que sort en salles L’Homme Invisible, de James Whale, inspiré du roman du même nom écrit par H.G. Wells. A cette époque, c’est une réelle prouesse cinématographique que de voir (ou non, justement…) un homme retirer ses bandages pour ne dévoiler aucun visage. Mais l’essentiel des mouvements de l’homme invisible ne sont en réalité que suggérés, par des objets qui sont tirés, poussés ou suspendus. Car oui, un homme invisible au cinéma, c’est aussi pas d’homme du tout… D’un point de vue technique, l’équipe a choisi d’utiliser la superposition d’images pour faire disparaître les parties du corps non désirées.

Ainsi, le réalisateur inscrit une fois de plus son film en tant qu’objet culte du cinéma. Le film a ouvert la voie sur bien des difficultés techniques liées à la disparition mais allant bien au-delà : où positionner la voix du personnage ? La caméra ? Sur quoi attirer l’attention du spectateur, si le personnage disparu est le personnage principal ? 

Ce dernier questionnement est détourné dans Invisible Man de Leigh Whannell sorti en 2020, où le personnage principal n’est pas l’homme lui-même, mais suggéré par la femme qu’il terrorisera et martyrisera tout au long du film. Dans la réalisation de Whannell, le scénario décrit ce surprenant pouvoir comme étant au service du mal, rejoignant ainsi la vision de Paul Verhoeven dans Hollow Man. Dans Invisible Man, ils utilisent un costume fait de plusieurs petites caméras qui filment ce qu’il se passe derrière le costume pour le projeter devant la personne sous forme d’hologramme. Ainsi, impossible de voir le fameux homme…

En effet, dans la pensée populaire, on peut apparenter l’homme invisible au personnage possédant des pouvoirs, qui apparaît dans la Ligue des Gentlemen Extraordinaires, Rodney Skinner. Il se rend visible lorsqu’il le désire en appliquant sur son visage de la mousse rasée blanche. Dans la même idée, c’est la Femme Invisible que l’on rencontre dans Les 4 Fantastiques, personnage Marvel, qui use de son pouvoir pour combattre le mal. Ici, on a donc un pouvoir destiné à servir le bien, et non à user dans un but pervers ou néfaste.

L’invisibilité est donc un thème récurrent dans la culture populaire ou fantastique, inspirant les exploits les plus remarquables ou les névroses les plus glauques. Elle remet en question la place de l’homme (car ce sont majoritairement des hommes) face à ses responsabilités et ses penchants psychopathes. L’absence de corps visuel, vu des autres et donc jugé, semble donner le champ libre à des actions en tout genre, bien souvent inattendues.  

Si on vous a déjà posé la question : et toi, qu’est-ce que tu ferais si tu pouvais devenir invisible ? méfiez-vous-en, car comme on ne cesse de nous le répéter : nous ne sommes vraiment nous-même quand personne ne nous voit…

Mais nous nous risquerons quand même à vous demander : que feriez-vous?  

 

Léa BOURGELY

 

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