A 10 ans, elle entretenait une grève de la faim en criant “C’est pas juste !”, indignée par les inégalités entre garçons et filles. Dans ce livre qui nous dépeint la vie engagée d’une avocate, s’étant battue toute sa vie pour la cause des femmes, Annick Cojean nous propose non seulement une approche journalistique de la vie de Gisèle Halimi, mais surtout une approche intimiste de la vie de celle-ci.
Tout au long de l’oeuvre, bien que guidée par les questions d’Annick Cojean, Gisèle Halimi nous propose un récit au coeur de ses combats. On plonge, alors, dans son regard, qui à la fois raconte et commente sa vie. Dès l’enfance, Gisèle Halimi montre ce désespoir de naitre femme : j’étais née du mauvais côté, et la volonté qui en découle de changer le monde. Victime d’inégalités au sein de sa famille et cela, dès le plus jeune âge, elle nous raconte un épisode, souvent marquant, dans l’histoire de chaque femme : les premières règles. Le passage, selon certains, du statut de jeune fille à celui de femme. Ici, Gisèle Halimi nous montre combien les règles peuvent être un sujet tabou dans certains foyers, une honte, quelque chose qu’il faut à tout prix cacher aux hommes. Mais cette vision des règles menstruelles, comme quelque chose d’extrêmement négatif, voire sale, est une vision qui non seulement se retrouve dans les foyers, mais également au sein de la société toute entière. En tant qu’avocate, Gisèle Halimi a plaidé toute sa vie pour la cause des femmes, notamment, mais aussi bien pour la dépénalisation de l’homosexualité que pour la lutte contre le colonialisme. Ces combats se traduisent dans l’oeuvre par l’évocation de procès emblématiques : le procès de Djamila Boupacha, “le procès du viol” à Aix-en-Provence, le procès de Marie-Claire Chevalier ou encore par l’évocation du “Manifeste des 343”, manifeste dont la signature de 343 femmes affirme qu’elles ont déjà avorté, acte illégal à l’époque. Ainsi, lire ce livre, c’est à la fois lire le combat d’une vie, celle de Gisèle Halimi, celle d’une femme, mais c’est aussi plonger dans ces luttes qui ont permis une certaine libération de la femme en France. C’est prendre conscience de l’importance de cette lutte, aussi bien pour les hommes que pour les femmes. Gisèle Halimi conclut d’ailleurs sous la forme d’une plaidoirie qui s’adresse directement aux jeunes femmes qui préparent le monde de demain.
Aujourd’hui, de nombreuses voix s’élèvent pour une entrée au Panthéon de Gisèle Halimi, décédée en juillet dernier. Cette entrée au Panthéon, toutefois supposée, ne ferait de Gisèle Halimi que la sixième femme au sein de cette institution.
Sofia Cardona Agudelo
Sources :
- couverture : https://www.grasset.fr/livres/une-farouche-liberte-9782246824237