La lumière artificielle : une pollution cachée 

En 2020, 85 % du territoire français est soumis à un niveau élevé de pollution lumineuse. Depuis 2009, la pollution lumineuse devient en France un enjeu environnemental et sociétal. En conséquence, les autorités imposent une réglementation concernant la réduction des nuisances lumineuses. La ville de Paris est en première ligne. Entre une heure et sept heures du matin, les lumières artificielles des magasins, bureaux ou panneaux et façades doivent être éteintes. Seuls les monuments peuvent illuminer la capitale.  

La pollution quoi ? Lumineuse ! 

N’avez-vous jamais remarqué ces enseignes éclairant notre ville, et cela toute la nuit ? Ou encore ces panneaux publicitaires dans les avenues ? N’avez-vous jamais été gêné pendant votre sommeil par un lampadaire illuminant votre chambre ? Ces lumières constituent une nuisance dans le paysage urbain et sont souvent utilisées abusivement. Les zones industrielles, et zones à forte activité économique éclairent leur ville comme en plein jour. 

En 2009, l’Union Européenne exige un éclairage plus performant. Ainsi, en Allemagne, l’éclairage public a été remis à neuf. Les lampes de vapeur de sodium ont laissé place aux lampes diodes luminescentes (light-emitting diode en anglais, ou LED en acronyme). Les LED économisent jusqu’à 50% d’énergie. Depuis 2015, suite à une réglementation européenne, les espaces urbains et publics comme les rues sont davantage équipés de lampadaires à lumière bleue (LED). Leur température de couleur, égale à 4000 kelvin permet aux communes de recevoir des subventions car ce type d’éclairage améliore les performances énergétiques.

Stéphanie Zouri, éco-conseillère pour la région du Tyrol autrichien, lutte contre la pollution lumineuse à travers un projet pour la haute autorité du Tyrol à Innsbruck intitulé Catastrophe lumineuse. Christophe Maline, photographe dans les paysages et objets célestes, accompagne Stéphanie dans son projet. Avec l’aide d’un drône, l’objectif est de tracer une cartographie de la pollution lumineuse de la ville de Innsbruck. Dans le but d’améliorer la précision de la carte, ils utilisent un appareil photo à capteur photosensible. Celui-ci détecte les lieux où la lumière se diffuse en pure perte. 

Les être vivants disent « non merci » 

La lumière artificielle fait du mal à son entourage. La faune et la flore en souffrent tout autant. Les éclairages des parcs, jardins ou lacs sont nocifs pour les êtres vivants. Peter Rummer, spécialiste des papillons, travaille avec Stéphanie Zouri sur le projet Catastrophe lumineuse et étudie les effets de la lumière bleue froide sur les insectes.

Effet de la pollution lumineuse sur l’arbre urbain

La lumière bleue des LED est froide et la rend donc beaucoup plus attractive, ce qui attire les insectes vers cette dernière. Les lampadaires et panneaux publicitaires brûlent et tuent les insectes. Elle impacte la vie des êtres vivants jusqu’à leur comportement. Les tortues marines sont désorientées, les pollinisateurs nocturnes comme les chauve souris sont déstabilisés. Les oiseaux migrateurs détournent leur chemin. Cette pollution lumineuse cause l’autofécondation chez les plantes et les fleurs. 

Vous savez qu’il ne faut pas regarder la télévision ou l’ordinateur avant d’aller vous coucher. La raison en est bien là : la lumière bleue contraint la sécrétion de mélatonine, l’hormone du sommeil. Un manque de mélatonine crée alors des troubles du sommeil.

Nous, humains, ne sommes donc pas infaillibles. Les hommes sont aussi sensibles à la lumière bleue des LED. 

Sans que vous le sachiez, les éclairages publics devant chez vous sont peut-être les raisons de vos insomnies.

La lumière éteint les étoiles 

Que diriez-vous d’un pique-nique en amoureux au clair de lune ou d’une promenade dans la nuit étoilée la plus totale ?

80 % de la population est privée d’une nuit étoilée et noire en Europe et aux Etats-Unis. L’enjeu est encore plus important dû au sur-éclairage : la lumière se propage vers le ciel nocturne. 

Les enseignes lumineuses placardées sur les buildings des métropoles ou les panneaux publicitaires inondant la nuit par leur lumière artificielle prennent le pas sur la lumière naturelle des étoiles. 

Profiter d’une réelle nuit étoilée devient rare. Préserver cette beauté naturelle est un des objectifs que s’est donné Michael Zecler, astronome à l’Observatoire de Schweinfurt en Bavière et André Engel, docteur en physique et astronomie. Ils s’intéressent à la luminance de différentes sources lumineuses autour de l’observatoire. La luminance est une quantité mesurée en candelas par mètre carré (cd/m²). Elle caractérise l’intensité lumineuse émise à l’origine. Un panneau publicitaire émet une intensité d’environ dix cd/m² contre trois cd/m² pour une enseigne de marque à ampoule LED. Ce sont de faibles valeurs: ces deux types d’objets lumineux ne sont pas à priori les principales sources d’extinction des étoiles selon l’Observatoire de Schweinfurt. 

A vous maintenant ! Tentez une promenade dans l’obscurité de votre ville. Alma Mater vous met au défi de reconnaître les agressions lumineuses de votre quartier. 

Garance Sauderais

Sources : 

Images :

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