Laura Bassi, une femme dans l’ombre des Lumières

Tout le monde est capable de citer des grands hommes du siècle des Lumières : Voltaire, Rousseau, Diderot… Mais en ce qui concerne les femmes, c’est parfois plus compliqué ! On parle souvent d’Emilie du Châtelet, Olympe de Gouges… mais connaissez-vous Laura Bassi ? Aujourd’hui, Alma Mater vous propose de revenir sur cette femme, grande mathématicienne et physicienne italienne du 18e siècle.

Une jeune femme aux capacités intellectuelles précoces

Laura Bassi est née en 1711 dans la ville de Bologne, au nord de l’Italie, où elle passera le reste de son existence (elle y meurt en 1778). Issue d’une famille aisée, elle a le privilège de bénéficier d’une solide éducation. Son père lui reconnaît très vite une vive intelligence et confie sa formation à Gaetano Tacconi, professeur de médecine à l’université de Bologne. Avec lui, elle reçoit des enseignements très diversifiés : anatomie, histoire naturelle, chimie, algèbre, géométrie, mécanique, philosophie, grec ancien, latin et français. 

Les capacités intellectuelles de cette jeune fille sont très vite remarquées par les étudiants de l’université de Bologne, et l’on suit de près sa progression. Ainsi, lorsqu’elle soutient l’épreuve du disputatio en 1732 – où elle présente pas moins de 49 thèses philosophiques – c’est une grande partie de l’élite intellectuelle de la ville qui vient l’écouter. Dans ce public éclairé, on compte notamment le cardinal Prospero Lambertini, qui n’est rien de moins que le futur Pape Benoît XIV ! 

Université de Bologne, Italie, août 2021

Alors qu’elle a seulement 21 ans, Laura Bassi devient doctoresse en philosophie et commence à enseigner à l’université de sa ville. Les universités italiennes de l’époque étaient plus ouvertes que les universités françaises sur la question de l’enseignement au féminin. La jeune femme n’était ainsi pas la seule femme professeure à l’université de Bologne, même si cela restait des cas exceptionnels. Elle y dispense des cours d’anatomie, de physique et de mathématiques. Et, en plus de tout cela, la jeune femme obtient une pension pour continuer ses études. Après tout, pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? 

Scientifique émérite… et mère de six enfants !

En parallèle de sa prestigieuse carrière scientifique, Laura Bassi se marie en 1738 avec un autre professeur de l’université, Giuseppe Veratti, avec qui elle aura 6 enfants (au minimum, la légende va même jusqu’à 12 !). Qu’à cela ne tienne, cela ne l’empêche pas de continuer à enseigner pendant 28 ans. On raconte d’ailleurs à ce sujet que l’institution des sciences l’avait aidée à monter un laboratoire chez elle où elle avait l’autorisation de dispenser des cours. Plutôt pratique pour concilier vie personnelle et professionnelle !

L’élite intellectuelle de l’époque continue à la reconnaître comme une grande scientifique. En 1745, elle est nommée par le Pape Benoît XIV (vous vous souvenez de lui?) comme 25ème membre de l’académie des Benedettini. Celle-ci venait d’être fondée par le Pape pour promouvoir le progrès des sciences. Seule femme à faire l’objet d’une candidature, sa nomination fait débat mais finit par être actée. Elle en vient également à occuper la chaire de physique expérimentale à l’Institut des sciences de Bologne. Son mari devient son assistant, et avec lui, elle mène diverses expériences, notamment dans le domaine de l’électricité appliquée à la médecine. 

Héritage et influences chez les Lumières

Laura Bassi a beaucoup contribué à diffuser les idées de Newton en Italie. Si elle n’a rédigé aucun livre, elle a fait paraître de nombreux articles à l’Académie des sciences de Bologne, en physique, mathématiques et chimie, qui témoignent de la richesse de sa réflexion. Ses cours ont été suivis par de grands savants de l’époque, comme le célèbre biologiste Lazzaro Spallanzani ou encore le fameux physicien Alessandro Volta. Sa réputation a d’ailleurs dépassé les frontières de l’Italie puisqu’elle a compté au rang de ses admirateurs, Emilie du Châtelet ou encore Voltaire, avec lesquels elle correspondait. 

Qu’en pensez-vous ? Cette femme, à la carrière plutôt exceptionnelle pour l’époque, méritait bien d’être mise en lumière !

Marjolaine Milon

Sources :

Images :

  • Article : ©Marjolaine Milon

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