La diététique et la culture du régime 

Aujourd’hui, Alma Mater vous parle d’alimentation, de rapport à soi, et d’auto-entrepreneuriat suite à une rencontre avec la diététicienne-nutritionniste Manon Galleron.

La diététique, qu’est-ce que c’est?

« Tu es diététicienne? Ah mais tu vas nous mettre à manger de la salade…». Ce type de réflexion, Manon y fait face régulièrement, et c’est exactement le type d’a priori qu’elle veut briser. La diététique est souvent associée à l’idée de rations, de calories, et plus particulièrement de régime. Cette vision là n’est pas celle que Manon prône en tant que diététicienne. Au contraire, elle voit la diététique comme une façon de « prendre soin par l’alimentation ». Pour comprendre cela, il faut d’abord insister sur la notion de « santé ». Manon nous explique : « La santé c’est le bien-être psychologique, physique et social. Il faut prendre soin de sa tête, accepter, et écouter son corps. S’empêcher de manger va à l’encontre de son bien-être psychologique, tout comme s’empêcher d’aller au restaurant perturbe le bien-être social. » 

Pour mettre en place cette vision de la diététique, Manon insiste sur l’importance de différencier « être à l’écoute de son corps » de l’impulsivité. En effet, il existe de nombreux stimuli extérieurs qu’il faut identifier pour pouvoir contrôler et comprendre les impulsions. Par exemple, une journée fatigante sans vrai repas peut accentuer l’envie de grignoter en rentrant. Il faut pouvoir faire confiance à son corps, tout en reconnaissant certaines envies comme impulsives. 

En quoi ça consiste « être diététicienne » ? 

Pour Manon, il est important d’être à l’écoute du patient et de comprendre ses besoins. Cela passe par le fait d’établir un lien de confiance afin que celui-ci se sente libre de tout dire et tout ressentir. Il faut aussi connaître les attentes du patient pour pouvoir travailler sur les biais de motivations et le contexte dans lequel il vient. Cela permet de savoir si d’autres ressources sont nécessaires, comme par exemple un suivi psychologique. Afin de soigner le plus de patients possibles, et élargir ses connaissances, elle a complété sa formation de BTS diététique par plusieurs formations ainsi qu’un DU en micronutrition.

Il y a plusieurs types de situations qui peuvent pousser à aller voir un ou une diététicienne. Le premier cas de figure est celui du problème de santé. Les médecins peuvent envoyer le patient afin qu’il bénéficie d’un suivi diététique alimentaire. Dans cette situation, le suivi est nécessaire et vital (par exemple dans le cas du diabète, ou la régulation du cholestérol avant une opération). Les diététiciens et diététiciennes travaillent aussi avec les médecins lors des cas de Troubles des Conduites Alimentaires (anorexie, boulimie, hyperphagie). Dans ce cas là, le patient est souvent suivi par un psychologue en plus du suivi diététique. Manon explique : « Dans ces situations il y a un vrai enjeu. Il faut faire des choses et réussir à voir un résultat. » À côté de ça, il existe un autre cas de figure qui est celui de l’apparence. Les patients sont en bonne santé mais ont une angoisse concernant leur image. Ici, la situation ne comporte pas d’enjeu médical. Les patients arrivent parfois avec une idée du poids chiffré qu’ils veulent atteindre. Face à ces situations, Manon nous raconte :

« J’ai des patientes qui veulent absolument faire un régime, ou qui cherchent à faire un poids précis. Ce n’est pas ma façon de travailler. On parle de ‘problème de poids’, mais les gens ont surtout un problème avec le poids. » 

Être auto-entrepreneuse à 23 ans

A l’obtention de son BTS diététique en 2020, Manon a dû se lancer seule pour réussir à se faire connaître dans le milieu. « En tant que femme, et de moins de 25 ans en plus, il faut être sûre de soi alors qu’il y a du jugement tout autour. Il faut réussir à prendre de l’aplomb. Parfois je dois appeler des médecins pour discuter d’un patient dont nous faisons tous les deux le suivi, et il faut que je sois confiante et que je m’assure que ma place est légitime. Au début, j’avais du mal avec ça. Je ne savais pas où me placer face à des praticiens beaucoup plus âgés. » 

Aujourd’hui, Manon travaille dans deux cabinets : une maison médicale et un centre interdisciplinaire. Elle gère seule sa comptabilité, les appels aux professionnels, ses bilans, et ses prises de rendez-vous. Elle assure aussi des consultations en visioconférence, ce qui permet un suivi avec des patients partout en France.

Elle nous laisse avec un dernier conseil : « Beaucoup de personnes peuvent sentir le besoin ou l’envie de faire un régime. Il ne faut pas hésiter à en parler ou à aller voir une diététicienne ou une psychologue pour trouver la source du problème et pouvoir le résoudre. Le risque sinon est de se rendre malheureux ou de créer un rapport malsain avec l’alimentation. »

Dinah Defrasne

Recommandations de lectures et podcasts de Manon : 

L’instagram de Manon : @happyy_plates

Les liens des livres : 

https://www.fnac.com/a16546787/Jeremy-Gorskie-De-la-tete-a-l-assiette-Chroniques-et-conseils-d-un-mangeur-libere

Les liens des podcasts:

https://podcast.ausha.co/un-peu-plus-leger

http://www.charlesbrumauld.com/podcast/

Image : © Dinah Defrasne

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