La cathédrale Saint-Étienne de Sens

Un souvenir de l’architecture gothique

Bâtie entre le XIIe et le XVIe siècles, la cathédrale Saint-Étienne est réputée comme étant la première cathédrale gothique de France. Située au centre de la ville de Sens, ville du Nord-Ouest de la Bourgogne Franche-Comté, ce monument s’érige comme un souvenir du patrimoine culturel icaunais et plus largement bourguignon. Pourtant, la cathédrale s’avère relativement méconnue. Enquêtons sur ce joyau architectural français, qui n’est pas sans renfermer quelques surprises.

Une influence considérable

Au XIIe siècle, l’archidiocèse de Sens comprenait Paris dans son territoire. Cela n’est pas à prendre à la légère puisqu’en dépend toute l’influence acquise par la ville à cette époque. C’est en partie grâce à cette influence qu’une énergie considérable a été déployée pour la construction de la cathédrale. Le 27 mai 1234, Louis IX, dit Saint Louis, se marie à la cathédrale de Sens, et marque la ville de son empreinte royale. Par ailleurs, la cathédrale sert de modèle à l’église abbatiale de Saint-Germain des Prés dont le chœur est presque identique à celui de Sens. A la fin du XIVe siècle et au début du XVe, l’architecte Tristan de Salazar, réputé dans plusieurs villes importantes, dirige la construction d’un grand transept dans un style gothique flamboyant.

Mais qu’est-ce que l’architecture gothique ? Cette dernière se divise en trois styles majeurs. Tout d’abord, le gothique dit « classique » entre 1190 et 1230 environ. Puis c’est le tour du gothique « rayonnant » entre 1230 et 1350. Enfin, le gothique « flamboyant » prend la relève aux XVe et XVIe siècles. C’est à ce dernier qu’est affilié Tristan de Salazar. Pourquoi y a-t-il un tel écart entre les périodes des différents styles gothiques ? Il faut savoir que de nombreux travaux à travers la France sont suspendus pour deux raisons principales : d’une part la Grande Peste et d’autre part la Guerre de Cent Ans.

Un flou historique

Du haut de notre époque actuelle, de nombreux événements restent relativement flous. A commencer par un incendie qui fait perdre une des deux tours de la cathédrale. Bien que nous ayons du mal à savoir précisément quand ce dernier a eu lieu, il semblerait que ce soit lors du jeudi Saint de l’année 1267 ou 1268. Même si la version de l’incendie paraît la plus probable, car étant du aux matériaux de construction employés (bois), les historiens restent dubitatifs. Préalablement, en 1184, la voûte avait, elle aussi, été endommagée. L’incident de la tour effondrée offre cependant à la cathédrale un certain cachet. Normalement constituée de deux tours, la cathédrale de Sens brille donc par son originalité, quand bien même celle-ci s’est ancrée dans le tragique.

On retient, plus tard, de nombreux aménagements. En effet, au XVIIIe siècle, de nombreux réaménagements sont réalisés. Les archevêques avaient pour souhait de marquer leur passage. Aussi ont-ils restructuré le chœur, en remplaçant les vitraux et en déplaçant l’orgue du côté de la façade principale, et ce dans un souci esthétique. La Révolution de 1789 coûte à la cathédrale, comme à de nombreux autres monuments à travers le pays, son cachet originel. Les statues à l’entrée sont détériorées. Les deux chapelles latérales sont rasées au XIXe pour être rebâties dans un style plus austère, sous la direction de l’architecte Robelin.

Au-delà du monument : un trésor

Au-delà des tragédies qui ont animé son histoire, la cathédrale de Sens renferme un grand trésor. Et pas n’importe lequel, car on parle fréquemment du « Trésor de la cathédrale de Sens », le plus riche de France avec celui de Sainte-Foy-de-Conques. On note en particulier le faste de la collection d’étoffes ayant appartenu à de célèbres ecclésiastes tels que Saint Ebbon (VIIe siècle), Thomas Becket (XIIe siècle), ou encore Saint Edme (XIIIe siècle). On constate également que la majeure partie des étoffes sont coptes (issus du peuple Copte, d’anciens Égyptiens), persanes ou bien byzantines (Proche et Moyen-Orient). A tout cela s’ajoute des tapisseries, deux parements d’autel datant du XVe siècle et de nombreuses œuvres d’orfèvrerie parmi lesquelles on compte le peigne liturgique de Saint Loup (VIIe siècle) ou bien encore la Sainte Coupe en vermeil (XIIe siècle).

Le trésor est si réputé qu’il attire les convoitises. En juin 2012, le musée de la ville déplore le vol d’une partie du trésor, et ce pour une valeur de 30 000€. Les globules d’or datant de 70 avant notre ère sont retrouvés très rapidement à Auxerre. Tout cela prouve que la cathédrale Saint-Étienne de Sens n’a hérité que d’une maigre réputation malgré le mérite qu’elle renferme. Tous les ans, au même titre que de nombreux autres monuments en France, la cathédrale est illuminée, et semble exposer elle-même son histoire sous la forme d’un spectacle de sons et lumières. Celui-ci est souvent remis au goût du jour, afin d’attirer le plus grand nombre et d’intéresser tous les publics. Exceptionnellement, il n’aura pas lieu cette année.

Doryann Lemoine

Sources :

http://architecture.relig.free.fr/sens.htm

https://www.herodote.net/27_mai_1234-evenement-12340527.php

https://www.lyonne.fr/sens-89100/faits-divers/un-tresor-d-environ-30-000-vole-hier-dans-les-musees-de-sens_1197829/

Couverture : © Wikimedia Commons

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