Reconnu pour ses compétences de stratège, Napoléon Bonaparte nous a également laissé un héritage législatif et administratif. De nombreux artistes se sont penchés sur ce personnage charismatique et fascinant dans différents domaines : peinture, littérature, et ici, cinéma. Zoom sur le biopic de Ridley Scott.
Fiction ou réalité ?
Le plus important défi que devait relever le réalisateur était sûrement de retranscrire avec justesse et précision la complexité mythique du personnage. A-t-il réussi ? C’est un grand débat parmi les historiens et les amateurs du grand écran.
Entre les tirs de canons sur les pyramides de Khéops, sa présence lors de l’exécution de Marie-Antoinette et les épaulettes de colonel durant le siège de Toulon alors qu’il n’était que capitaine à ce moment-là, le film s’éloigne parfois de la réalité historique. Peut-on vraiment blâmer le réalisateur ? Même Jacques-Louis David, peintre du Sacre de Napoléon, ajoute à la composition la mère de Napoléon et Jules César, évidemment absents de la cérémonie. La question qui se pose alors est de savoir si l’art doit nécessairement être réalité.
Mais ne soyons pas que négatifs. Émilie Robbe, historienne au musée de l’Armée, salue l’exactitude des costumes des grenadiers avec leurs célèbres bonnets à poils et cocardes à cul-de-singe à l’arrière. L’organisation de l’armée et la proximité du stratège avec ses hommes sont également assez soignées. Surtout, le film transmet très bien sa volonté d’inscrire son nom dans l’histoire. Joaquin Phoenix, dans le rôle de Napoléon, dit ainsi qu’il est « destiné à de grandes choses ».
Un montage à double tranchant
Scott, ambitieux dans la grandeur de ses mises en scène, présente un film qui manque de vivacité. Sur les quatre heures trente initiales du film, n’en garder que deux heures trente met le spectateur devant des ellipses temporelles parfois maladroites. C’est ce qu’explique Adrien Roche pour Écran Large, journal en ligne français spécialisé dans la culture pop, principalement le cinéma. Presque à la manière d’un résumé de cours d’histoire, le film survole un Napoléon guerrier sans s’attarder sur l’aspect géopolitique derrière les conquêtes. Si Scott montre les envies pacifiques de Napoléon, le générique énumérant les batailles et les pertes enlève bien vite cette paix qu’il cherchait pourtant.
Quand on sait que le film de quatre heures sortira sur AppleTV+, on ne peut s’empêcher de voir ce film comme un teaser pour cette future seconde version.
Ariane Rogel