L’univers méconnu du centre de tri de la Poste à Libourne : les lettres oubliées

Chaque année, environ 5 millions de lettres remplies d’histoires personnelles, de récits familiaux, de mots d’amour et de souvenirs sont déposées au centre de tri de la Poste à Libourne. Mais qu’arrive-t-il aux lettres perdues ?

À l’approche de Noël et du Nouvel An, le sentimentalisme s’accroît, entraînant une augmentation des envois de cartes postales, notes et lettres. Malheureusement, des problèmes de livraison subsistent. Selon les chiffres de 2022, la Poste a distribué environ 6 milliards de courriers en France. Cependant, en raison d’écritures illisibles, de boîtes aux lettres introuvables, d’adresses inexactes ou imprécises, une quantité importante de courrier reste non distribuée. Ces courriers orphelins, lorsque le destinataire ou l’expéditeur est introuvable, prennent le chemin du centre de tri de Libourne, à l’est de Bordeaux. C’est là que les conseillers du Service Client Courrier (SCC) de la Poste à Libourne – seules personnes autorisées à ouvrir les colis des courriers perdus – recherchent des indices leur permettant de trouver le destinataire. D’une certaine manière, cette démarche offre une seconde chance au courrier d’atteindre son destinataire, si celui-ci existe, bien sûr !

En 2016, Adrianna Wallis, diplômée des Beaux-Arts de Barcelone et fascinée par l’existence du centre de tri à Libourne, décide de l’explorer. Après avoir découvert 20 000 colis remplis de lettres n’ayant jamais atteint leur destinataire, Wallis persuade la Poste de lui accorder une semaine et finit par faire le premier pas vers la création de son exposition Les lettres ordinaires. À travers ce projet, elle cherche à « dévoiler les relations interpersonnelles et les modes d’échange social », explique Annabelle Gugnon, critique d’art, dans le numéro de mai 2019 du magazine Artpress. Les lettres exposées n’ont pas toutes le même parcours : certaines sont écrites à des personnes célèbres simplement pour le plaisir d’écrire, d’autres comportent des erreurs d’adresse. L’exposition a rencontré le public pour la première fois en 2020 aux Archives nationales de France à Paris. En révélant l’intimité des lettres manuscrites, Wallis remet en question la correspondance à l’ère numérique.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *