« Emoji » vient du japonais e signifiant « image » et moji pour « lettre ». Un sens transparent, puisque l’emoji a pour but de décrire un état d’esprit en un caractère, presque à la manière d’un idéogramme. Aussi appelée « smiley » ou « émoticôns », la fameuse face jaune au grand sourire apparaît en 1963 grâce à Harvey Ball.
Outil social et politique
L’emoji est le vecteur des combats de notre société numérique. Pensons à l’ajout de l’homme enceint sur nos claviers. Cyril Hanouna et certains de ses invités de Touche pas à mon poste s’en insurgeaient, en déclarant que « ce monde ne va pas du tout ». À l’université Paul-Valéry de Montpellier, Vincenzo Susca, maître de conférences en sociologie de l’imaginaire, explique que les emojis font aujourd’hui partie intégrante de notre identité en ligne. Entre emojis à la peau claire, métisse ou noire, avec des cheveux roux, blonds ou clairsemés, tout le monde se retrouve dans ces petits pictogrammes. Ainsi, Emojipedia, site référençant l’utilisation et la signification de chaque emoji, soutient la possibilité de la grossesse pour l’homme. Si les questions de genre sont soulevées, les emojis peuvent également incarner des personnages fictifs comme celui d’Arnold Schwarzenegger dans le film Junior.
Les emojis dans le commerce
Les emojis deviennent aussi un argument de vente. De grandes marques récupèrent ces figures, souvent mignonnes ou amusantes, dans leurs publicités pour attirer la clientèle. Elles créent une relation avec le public en utilisant les émoticônes pour faire passer un message. D’autres enseignes de textile ou de décoration les reprennent dans la création même des produits. Imaginez un objet ; il existe déjà avec des emojis affichés dessus. Coussins, mugs, vêtements et draps de lits se vendent particulièrement bien grâce à l’engouement mondial autour de la célèbre tête jaune.
Mais certaines organisations savent en faire bon usage. L’organisation suédoise BRIS défend les droits de l’enfant au quotidien pour leur permettre de vivre dans une société meilleure. Sur leur application, chaque situation de violence est représentée par un emoji bien précis, permettant à l’ONG de s’aligner sur son public. Si un enfant ne parvient pas à décrire sa condition avec des mots, il peut se reconnaître dans un emoji. Cette utilisation louable des emojis a inspiré d’autres associations comme WWF, qui lutte pour la préservation des espèces animales.
Ariane Rogel