Elvis et Priscilla : qui est la véritable légende ?

Dans la lignée de « Barbenheimer », Elvis (2022) aussi a eu droit à son pendant : Priscilla (2023). Il n’y a qu’un Elvis, appelé par son petit nom, et Sofia Coppola veut imposer sa Priscilla sans Presley. Mais y a-t-il vraiment une Priscilla sans Elvis ?

Si vous croyez ne pas connaître Priscilla Presley, vous vous trompez : Lana Del Rey est sous vos yeux depuis une décennie. Les cheveux noirs relevés très haut, l’épais trait d’eye-liner et les robes sixties, c’est elle, Priscilla Presley. Elvis Presley nous évoque plutôt une star aux costumes moulants -pattes d’eph’ d’une autre époque, énième victime des excès de la célébrité. Et ceux qui le connaissent un peu mieux savent qu’il traîne des accusations d’appropriation culturelle et de pédophilie, et que son caractère supposément sexiste et contrôlant envers Priscilla renvoie une image qui n’a plus grand-chose de reluisant.

Priscilla serait-elle la vraie icône du couple ? En adaptant l’autobiographie de Priscilla Presley, Elvis and Me, Sofia Coppola n’entend pas mettre en scène autre chose : sa version de l’histoire du couple dans Priscilla, c’est de son propre aveu l’« anti-conte de fées ». Exit la simple ombre d’Elvis, Priscilla devient un modèle : une femme opprimée par son compagnon tout-puissant, qui embrasse son indépendance et trouve sa propre voix. Autrement dit, Priscilla se fait le symbole de la déconstruction du mythe d’Elvis, et du pouvoir rendu à Priscilla — mais aussi aux femmes.

Même si Baz Luhrmann semble vouloir donner une vision nuancée d’Elvis, on sortira surtout du cinéma en fredonnant ses musiques et ébloui par les reconstitutions des concerts. Elvis comme Priscilla paraissent en fait contribuer à remettre Elvis sur le devant de la scène pour les nouvelles générations, et le choix de faire de leur relation un axe majeur des deux films ne fait qu’inviter à perpétuer la fascination pour le couple, peu importe sa dynamique.

Au détriment, donc, de la lumière que Sofia Coppola s’efforce de donner à la trajectoire inspirante de Priscilla ? Car si Priscilla ne contient aucune musique d’Elvis, il n’empêche que le film couvre exclusivement la période de la vie de Priscilla… avec Elvis. Et si Lana Del Rey emprunte aux looks de l’icône de mode qu’est devenue Priscilla, les premiers mots de sa chanson Body Electric — qui rend hommage à ses inspirations — sont pour le King : « Elvis is my daddy ».

© Elvis and Priscilla Presley leaving courtroom after divorce hearing in Santa Monica, Calif., 1973 – UCLA Library Digital Collections

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