À travers différents thèmes et périodes de leur vie, la représentation de l’enfance varie considérablement au cinéma. Les cinéastes abordent ce sujet de diverses manières en fonction du genre, du contexte culturel et du message voulu du film. Des films de « coming of age » (passage à l’âge adulte) aux périodes de rébellion et de revendication d’indépendance, la jeunesse dans son ensemble s’avère être un thème récurrent dans de nombreux cinémas du monde.
Une représentation binaire
D’un côté, les enfants sont représentés à travers le prisme de la naïveté et de l’autre, ils peuvent aussi être des personnages effrayants. Dans Alice in Wonderland (Alice au pays des merveilles), la protagoniste tombe dans le terrier du lapin et se lance dans de nombreuses aventures dans un environnement qu’elle ne connaît pas. Au pays des merveilles, alors qu’elle grandit soudainement et redevient plus petite, prend le thé avec le Chapelier Fou et rencontre la Reine de cœur, elle reste toujours curieuse. Elle est souvent confuse, comme on peut l’être lorsqu’on se trouve dans un nouvel endroit, mais elle garde malgré tout son innocence enfantine. D’autre part, dans le film The Shining de Stanley Kubrick en 1980, le personnage de Danny Lloyd traverse à vélo l’hôtel vide et effrayant dans lequel il séjourne avec ses parents. Les jumelles Grady, qui sont peut-être devenues les images les plus emblématiques du genre thriller, sont là pour avertir Danny des horreurs possibles de l’hôtel Overlook. Même si les intentions des jumeaux ont été interprétées différemment depuis la sortie du film, qu’elles hantent Danny ou qu’elles soient là comme un avertissement, elles nous informent néanmoins du terrible sort de la famille précédente.
Les enfants comme preuve d’endurance
Dans les cinémas de lieux ou d’époques où se déroulent des tragédies communes vécues par la société, comme les guerres et les conflits, la figure de l’enfant garde également une signification symbolique. Dans les films où l’histoire principale tourne autour des enfants et auxquels ils ne restent pas de simples personnages secondaires, l’innocence et la naïveté de ceux-ci renforcent la gravité des mauvais événements. Les enfants sont présentés comme étant plus résilients ; ils ont plus d’espoir et survivent à de pires situations. La représentation cinématographique des enfants ne cesse de changer, non seulement en fonction de l’évolution des perceptions du public, mais également en fonction de la situation sociopolitique du pays. L’adaptation cinématographique de Persepolis en 2007 nous raconte la vie en Iran à travers les yeux de Marjane, une jeune femme qui réside actuellement en France. Pendant le film, nous assistons à ses expériences adolescentes, ses souvenirs liés à sa famille et son identité iranienne alors qu’elle vit la perte, l’isolement et le chagrin. En effet, le personnage de Marjane est une source remarquable à la fois sur la situation en Iran à cette époque et sur son enfance dans la société iranienne. Vicky Lebeau, chercheuse en psychanalyse au Royaume-Uni, affirme que l’utilisation de la figure des enfants a fait du cinéma une « ressource précieuse pour réfléchir sur les histoires culturelles de l’enfance au XXe siècle ».
Qu’en est-il pour l’avenir ?
Depuis l’avènement du cinéma, l’idée de l’enfance à l’image est en constante évolution. Les représentations des enfants au cinéma peuvent être influencées par les contextes culturels, sociaux et historiques. À travers l’exploration de la mémoire sociale et collective des cultures occidentales ou orientales, ces représentations peuvent évoluer au fil du temps, à mesure que les perspectives sociétales sur l’enfance changent. La diversité des cinéastes et leurs perspectives individuelles contribuent également à la riche variété de représentations des enfants au cinéma.
Zeynep Onur
Sources
https://revistia.com/files/articles/ejms_v3_i3_18/Angela.pdf