Le syndrome de Peter Pan : enfants pour toujours

Popularisé par l’ouvrage The Peter Pan Syndrome : Men Who Have Never Grown Up en 1983, le terme de « syndrome de Peter Pan » tire son nom du jeune garçon refusant de grandir du roman de J. M. Barrie Peter and Wendy, publié en 1911. 

Ce concept de la psychologie humaine n’est pas inclus dans le DSM-5 (Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux et psychiatriques). Même si le syndrome n’est pas reconnu comme maladie ou trouble mental, il présente des signes similaires chez les hommes qui en sont touchés.

Une personne présentant les signes du syndrome de Peter Pan éprouve souvent des difficultés liées aux responsabilités de la vie adulte. Elle peut se montrer irresponsable, ne pas remplir ses engagements ou encore manquer de sérieux et de fiabilité. Cela peut aller jusqu’à l’incompétence et des réactions qui sont davantage attendues de la part d’un jeune enfant.

Dan Kiley, auteur de The Peter Pan Syndrome : Men Who Have Never Grown Up, se focalise uniquement sur l’analyse du comportement masculin au sein de son ouvrage. La façon dont l’homme « Peter Pan » agit au sein de ses relations sociales peut également être particulièrement parlante, notamment lorsqu’il évite les engagements tels que le mariage ou la prise de décisions importantes. Le manque de responsabilité vis-à-vis de l’éducation des enfants et les soucis liés à la gestion des finances du foyer sont des problématiques récurrentes.

Selon l’université de Grenade, les parents qui surprotègent leur enfant peuvent le mener au développement de comportements du syndrome de Peter Pan.

Lorsque Kiley effectue ses recherches dans les années 1970 et 1980, les rôles attribués à chaque genre sont fixes et ont tendance à rester les mêmes, ce qui n’est plus véritablement le cas aujourd’hui. Par conséquent, les mêmes symptômes pourraient également être trouvés chez les femmes. Cependant, les études examinant les comportements chez les hommes et les femmes sont très peu nombreuses et aucun résultat concluant n’a été mis au jour.  

Le Wendy dilemma, pourrait être qualifié versant du syndrome de Peter Pan. À l’inverse de ce dernier, le Wendy dilemma touche davantage les femmes et fait référence au personnage littéraire. Il s’agit de comportements qui pallient l’incompétence et l’immaturité du partenaire masculin, comme prendre en charge sa part de tâches ménagères ou prendre des décisions à sa place. Les femmes ont parfois tendance à ne pas remarquer qu’elles permettent à leur Peter Pan de se conduire de cette façon en prenant en charge leurs responsabilités. Humbelina Robles, professeure au département de psychologie de l’université de Grenade nous explique : « Wendy est la femme derrière Peter Pan. Il est impératif qu’il y ait une personne responsable des aspects que Peter Pan ne prend pas en charge pour que Peter Pan existe. » (Traduction libre). 

Michael Jackson représente très certainement le cas de syndrome de Peter Pan le plus connu et le plus documenté. Son ranch Neverland est connu mondialement pour son extravagance et son côté enfantin. Ce lieu représente un véritable paradis pour les enfants et comprend entre autres un zoo dans lequel il est possible de caresser des animaux, un parc d’attraction et un cinéma. Le parc, acheté par Jackson en 1988 est une manière de se réapproprier une enfance volée par la célébrité. Lors d’une interview pour le magazine Rolling Stone, il déclare : « Je mets simplement derrière une grille tout ce que je n’ai jamais pu faire étant enfant. » (Traduction libre).

Jackson confie des détails sur son enfance sous les feux des projecteurs à Oprah Winfrey en 1993. Son père, Joseph Jackson, abusait verbalement de Michael en critiquant violemment son physique. Il se souvient de ses années adolescentes : « de très, très tristes années pour moi » et ajoute qu’il pleurait quotidiennement. Ainsi, la connexion à Peter Pan s’illustre à travers une volonté de garder une certaine innocence dont il est privé dans son enfance.

Lors d’une interview avec le journaliste britannique Martin Bashir dans le cadre de la série documentaire Living with Michael Jackson (2003), le chanteur américain aborde le sujet du personnage et son souhait de ne jamais grandir. 

M. J. : « Peter Pan, pour moi, représente quelque chose de très spécial dans mon cœur. Il représente la jeunesse, l’enfance, le fait de ne jamais grandir, la magie […] Je n’ai jamais cessé d’aimer cela […]. »

M. B. : « Est-ce que vous vous identifiez à lui ? »

M. J. : « Totalement. »

M. B. : « Vous ne voulez pas grandir. »

M. J. : « Non, je suis Peter Pan. » 

M. B. : « Mais vous êtes Michael Jackson. »

M. J : « Je suis Peter Pan dans mon cœur. » (Traduction libre)

Sources 

CORLISS Richard, « Michael Jackson: The Death of Peter Pan », TIME, 26 juin 2009, ?https://web.archive.org/web/20090628085802/http://www.time.com/time/arts/article/0,8599,1907344,00.html.

HIATT Brian, « Michael Jackson: What Went Wrong, Rolling Stones », 30 juillet 2009, https://www.rollingstone.com/music/music-news/michael-jackson-what-went-wrong-113580/.

KALKAN Melek, « Peter Pan Syndrome ‘Men Who Don’t Grow’: Developing a Scale », SageJournals, 12 septembre 2019.

« Michael Jackson on Peter Pan – Martin Bashir. », Youtube, publié par Junaid Sami Khan, 8 août 2018 

SMITH Ryan, « The Lost Childhood: Unveiling the True Meaning behind Michael Jackson’s Peter Pan Connection », 22 mai 2023, Medium

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