Des agriculteurs en colère, Paris bouclée, des mairies recouvertes de lisier, un ministre de l’Intérieur silencieux. Mais que se passe-t-il dans nos campagnes ces dernières semaines ?
La colère gronde sur les autoroutes, alors que des centaines de tracteurs occupent en continu de larges portions aux portes des grandes villes françaises, promettant « d’affamer les Parisiens ». Si les conducteurs semblent compréhensifs face à ce mouvement, ils risquent de ne pas le rester éternellement. En effet, les manifestants comptent bien faire durer la contestation, tant qu’aucune solution n’aura été trouvée concernant leurs préoccupations. Mais quelles sont-elles ?
La situation préoccupante du monde paysan n’est pas nouvelle . On estime qu’un agriculteur se suicide tous les deux jours en France. En cause, trop de travail pour un salaire trop maigre, certains ne gagnant que 1 500 € pour soixante-dix heures de travail par semaine. Un phénomène qui ne s’arrange pas ces dernières années, entre l’inflation, la hausse des taxes, les nombreuses normes et les récentes nouvelles concernant l’accord de libre-échange avec le MERCOSUR. Alors que ce dernier est discuté depuis de nombreuses années, le vice-président exécutif de la Commission européenne, Valdis Dombrovskis, a annoncé récemment qu’un accord serait trouvé d’ici la fin de son mandat (comprendre le printemps), afin de permettre cette alliance. Cela signifierait l’ouverture du marché européen – et français – aux différents producteurs d’Amérique du Sud, affaiblissant un peu plus les producteurs nationaux. Décrié depuis des années, il est loin de faire l’unanimité au sein des rangs politiques français, qui se positionnent fortement contre depuis plusieurs semaines.
Les demandes sont nombreuses, à commencer par la suppression des taxes sur le gazole non routier, la mise en place d’aides pour les élevages bovins touchés par la maladie hémorragique épizootique, ou encore l’abandon des projets de réduction de produits phytosanitaires. Le gouvernement a déjà réagi à certaines de ces revendications, mais cela demeure insuffisant. Sur divers réseaux sociaux, les internautes expriment leur indignation face à un traitement préférentiel comparé aux différentes périodes de contestation de 2023. En effet, comme dirait Gérald Darmanin « On n’envoie pas les CRS sur des gens qui souffrent », une sortie qui aura provoqué des rires aussi jaunes que l’étaient les gilets.
Quoi qu’il en soit, le combat des agriculteurs ne semble pas fini, affaire à suivre…
Alexis Filachet
Illustration : Celine el Feghaly