Sylvain Tesson : un vase brisé par la polémique ?

Sylvain Tesson a été nommé parrain de l’édition 2024 du Printemps des poètes, qui se déroulera du 9 au 25 mars prochains. L’auteur d’Avec les Fées, troisième meilleure vente de ce début d’année, a pourtant fait l’objet d’une polémique. Pourrait-il finalement être écarté du parrainage de l’événement ? Que lui reproche-t-on ? Alma Mater s’est penché sur cette nouvelle querelle littéraire.

Conteur de ses aventures et voyages, Tesson compte quarante et un livres à son actif. Mais alors qu’on le nomme parrain de l’édition annuelle du Printemps des poètes, une polémique éclate. Le 18 janvier, une tribune est publiée. 1 200 écrivains, éditeurs et artistes se rassemblent pour dénoncer la nomination d’un auteur qu’ils considèrent comme une « icône réactionnaire ». Aussitôt, chacun choisit son camp. Pour Rachida Dati, ministre de la Culture, « la culture, c’est le lieu où, normalement, il n’y a pas de sectarisme ».

Concrètement, on reproche à l’écrivain d’avoir écrit la préface d’un ouvrage clivant. Les signataires de la tribune dénoncent : « Sylvain Tesson a notamment préfacé un ouvrage de référence de l’extrême droite, Le Camp des saints, de Jean Raspail, qui n’est autre qu’une dystopie raciste sur l’immigration. » Pour les signataires, le message est clair : Sylvain Tesson a des idées politiques incompatibles avec le rôle qu’on lui attribue.

Dans l’émission Le Figaro La Nuit, l’écrivain David Foenkinos confie son point de vue sur la question. Celui-ci se veut rationnel : « Moi, si j’avais dans ma bibliothèque que des livres de gens avec qui j’étais entièrement d’accord, je pense que j’aurais trois livres chez moi ». L’auteur de La Délicatesse déplore l’exclusion de son confrère par la doxa, qu’il estime soudaine et injustifiée : « Autant l’inviter et le confronter, éventuellement […] On l’invite, on en parle, voilà, point. »

Inviter Sylvain Tesson, c’est justement ce qu’a fait Laurent Delahousse dans son émission 20h30, Le Dimanche sur France 2. L’écrivain y saisit son droit de réponse : « Je veux bien être rétrograde, même un ringard […] Mais ils ont trouvé un mot qui est le mot […] qui clôt le débat, c’est “extrême droite”. » Il brandit également la diversité de la littérature. « La poésie est le lieu où tout est permis, où les choses se contredisent, se rencontrent. Ça s’appelle la liberté », ajoute-t-il.

Face à la véhémence de la polémique, la directrice artistique de l’événement, Sophie Nauleau, a décidé de démissionner. Le 26 janvier, elle regrettait dans un communiqué ce qu’elle désigne comme « une cabale effarante, consternante pour ne pas dire monstrueuse ». Sylvain Tesson, quant à lui, ne compte pas déserter son poste de parrain, attribuant à ses détracteurs « une incapacité énergétique à accepter que les choses puissent être autre chose que soi-même ». Est-ce le mot de la fin de cette première querelle littéraire de 2024 ?

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