Les agents de la fonction publique ont manifesté ce mardi 19 mars dans une dizaine de villes françaises pour revendiquer une hausse salariale et de meilleures conditions de travail à l’appel des huit syndicats de fonctionnaires.
Plus de 100 000 fonctionnaires – professeurs et personnels de santé – ont battu le pavé dans plus de 130 rassemblements, selon la CGT. D’après le ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, 8,80 % des enseignants, tous niveaux confondus, étaient en grève. Outre une hausse des salaires, le personnel de santé et les enseignants s’alarment du manque criant de moyens, autant dans les hôpitaux que dans les écoles.
Les professeurs du 93 dans la rue
La mobilisation des enseignants ne faiblit pas depuis près d’un mois. À Paris, le cortège était mené par les enseignants du département de la Seine-Saint-Denis. Sur le parcours, des lycéens acclament les enseignants : « Merci de marcher pour nous ». Enseignants et parents d’élèves réclament un plan d’urgence de 358 millions d’euros pour financer 5 000 postes manquants dans le département. En effet, les élèves perdent l’équivalent de plus d’un an de scolarité en moyenne à cause du non-remplacement des enseignants absents, alors que le ministère de l’Économie prévoit une coupe de 700 millions d’euros pour le budget de l’Éducation nationale pour 2024.
Élèves et enseignants alertent sur les réseaux sociaux au sujet du délabrement des bâtiments scolaires et du manque de matériel. Vous avez sûrement dû voir passer la vidéo Tik Tok devenue virale des élèves du lycée Blaise-Cendrars situé à Sevran. Ils dénoncent le mauvais entretien de l’établissement et les conditions difficiles d’enseignement : absence de chauffage, de plafond dans les toilettes, manque de chaises et de tables. Quatre professeurs apparaissant sur la vidéo ont d’ailleurs été convoqués vendredi 15 mars par la direction de l’établissement et se sont vu reprocher « de ne pas avoir respecté leur devoir de réserve, d’avoir organisé la vidéo et ne pas avoir respecté le droit à l’image des élèves », selon les propos des enseignants convoqués rapportés au syndicat CNT-Éducation 93.
“Non à l’école du tri social”
Dans le cortège, les professeurs arborent des pancartes contestataires sur les groupes de niveaux, mesure phare de la réforme du « choc des savoirs », visant à élever le niveau de l’école, un objectif voulu par le Premier ministre Gabriel Attal. Transformés en groupes dits de « besoin » – élèves faibles, moyens ou forts – en mathématiques et en français au collège, l’arrêté sur leur mise en place a été publié le 17 mars dernier au Journal officiel. Cette mesure sera mise en place dès la rentrée prochaine pour les élèves de 6e et de 5e et à la rentrée 2025 pour les élèves de 4e et de 3e. Les enseignants dénoncent une forme de « tri social » et de stigmatisation des élèves, qui seraient contre-productifs.
Clémence Le Maître