Alexandre Dumas, le voyageur casanier

Qui n’a jamais rêvé de traverser l’océan Atlantique tel Albert Londres ou de visiter Githunguri comme Joseph Kessel ? Si certains écrivains sont connus pour nous porter aux quatre coins du monde, d’autres, en revanche, nous semblent plus sédentaires. C’est par exemple le cas d’Alexandre Dumas, un voyageur affirmé… mais aussi imaginaire. 

Associé à D’Artagnan et Edmond Dantès, Dumas n’est pas resté dans l’histoire littéraire pour ses récits de voyages. Et pourtant, ce personnage haut en couleurs s’est bien rendu en Italie, en Espagne, en Suisse, en Algérie, au Maroc, en Tunisie et en Russie. Dans ses récits, on ne trouve pas d’histoire ni de géographie. Légendes, contes, rencontres, repas, festins, banquets constituent les points principaux des visites de l’auteur. Dumas ne cherche donc pas à visiter, mais à vivre les lieux qu’il voit. En cherchant à découvrir les traditions et le folklore locaux, il propose une vision décidément moderne et rafraîchissante du voyage. 

Le lecteur est emporté dans des anecdotes passionnantes qui, bien souvent, s’éloignent de la réalité. Parmi les plus célèbres, on peut compter la tempête de neige en plein été qui aurait eu lieu en Suisse en 1832, ou encore la dégustation d’un bifteck d’ours dans le même pays. C’est toutefois par ce genre d’incohérence amusante que Dumas se démarque de Lamartine ou Hugo et invite le lecteur à s’aventurer avec lui dans des contrées lointaines. Dans son récit de voyage à Naples, Le Corricolo, l’auteur n’hésite pas à entremêler sa propre aventure à celles des héros de la littérature napolitaine, si bien qu’il est impossible de distinguer le vrai du faux.

C’est toutefois en 1839 que Dumas rédige sa plus belle prouesse, en s’inventant un voyage entier. Passionné par l’Orient, il est enchanté par son voyage en Afrique du Nord, si bien qu’il y retourne… ou presque. Il compose un récit de voyage intitulé Quinze jours au Sinaï sans quitter la capitale française ! Proche d’intellectuels ayant effectué le périple qu’il raconte, Dumas écrit leur voyage comme s’il s’agissait du sien. En insufflant ses propres rêves dans la vie des autres, Alexandre Dumas emporte son lecteur avec lui dans des mondes merveilleux… peut-être est-ce cela aussi, voyager ?

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