Théodore Rousseau : l’éveil d’une conscience écologique ?

Du 5 mars au 7 juillet, Théodore Rousseau s’invite au Petit Palais. Cette première exposition monographique consacrée au peintre depuis celle de 1967 qui s’était tenue au Louvre met en lumière les véritables portraits forestiers qu’il a réalisés. Servane Dargnies-de Vitry, commissaire de l’exposition, déclare à Beaux-Arts Magazine : « L’idée de patrimoine naturel commence à faire son chemin et les artistes sont alors les co-constructeurs de la notion d’écologie au XIXe siècle. » Revenons sur cette notion et le contexte qui l’accompagne.

Lorsque Théodore Rousseau installe un atelier à Barbizon et peint les arbres de la forêt de Fontainebleau en majesté, il les présente en tant que sujets à part entière et leur offre un traitement similaire à celui réservé à des personnages mythologiques ou historiques. Profondément sensible à la nature qui l’entoure, le peintre en fait son sujet de prédilection.

Rousseau défend la sauvegarde de la forêt lorsqu’elle est menacée par le tourisme dû à l’installation de voies ferrées et aux travaux d’aménagement. Le peintre fait entendre sa voix et amplifie les inquiétudes déjà exprimées par d’autres artistes et personnalités littéraires depuis les années 1840. En effet, ils craignent que l’arrivée massive de touristes ne vienne perturber le calme et les modèles qu’ils trouvent en forêt.

Selon le catalogue de l’exposition, Rousseau obtient gain de cause en 1853 après l’envoi d’une lettre au ministre de l’Intérieur. Alfred Sensier et Rousseau déclarent :

« [Je] demande au moins que l’art ait sa place […]. Que les lieux qui sont pour les artistes des sujets d’études, des modèles […], soient mis hors d’atteinte de l’administration forestière qui les gère mal et de l’homme absurde qui les exploite. » 

La création de la première réserve naturelle au monde, nommée la « série artistique », est décidée.

Néanmoins, la notion d’écologie est à manier avec précaution. Cette problématique contemporaine est aujourd’hui largement associée au dérèglement climatique et notre vision répond aux défis actuels. Toutefois, la réaction de Rousseau et de tant d’autres face à l’industrialisation « fait écho à notre temps présent » selon la commissaire. 

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