Suite à l’éclatement de la formation Nupes en décembre dernier, c’est bien loin de ce front uni – difficilement acquis pour les législatives de 2022 – que la gauche aborde les élections du 9 juin : chaque parti a renoué avec son indépendance, et c’est entre pas moins de huit listes différentes que les électeurs pourront voter à gauche. L’occasion est d’autant plus belle pour les intérêts individuels que les élections européennes n’ont qu’un tour proportionnel… Reste à ne pas sous-estimer la barre des 5 %.
Raphaël Glucksmann mène à nouveau la liste du Parti socialiste (PS) (6,9 % en 2019), et est pour l’instant donné favori parmi la gauche pour tenir tête à Jordan Bardella et au camp présidentiel qui le devancent. Après l’échec d’Anne Hidalgo aux présidentielles, Glucksmann est vu comme l’homme capable de redorer le blason du PS. Homme politique français le plus suivi sur les réseaux sociaux après le président, connu pour son engagement indéfectible envers l’Ukraine et les Ouïghours, Glucksmann pourrait être en mesure d’emporter les suffrages centristes des déçus du macronisme, mais aussi des électeurs de gauche rebutés par la figure omniprésente de Jean-Luc Mélenchon.
Car le score de La France insoumise (LFI) dans les sondages stagne alors que Manon Aubry, pourtant tête de liste, se voit voler la vedette par Mélenchon qui, pour le meilleur ou pour le pire, « assume de présidentialiser le scrutin » (Le Parisien). Une partie non négligeable de son électorat lui glisse entre les doigts : parmi ses électeurs à la présidentielle, 36 % auraient l’intention de se reporter sur la liste du PS ou des Écologistes en juin (sondage Harris Interactive x Toluna). Du côté des Écologistes, c’est Marie Toussaint, déjà eurodéputée, qui revêt le costume de cheffe de file de ceux qui s’étaient hissés à la troisième place du scrutin en 2019 avec 13,48 %.
Mené par le jeune Léon Deffontaines, protégé de Fabien Roussel, le Parti communiste français (PCF) revendique, lui, ses positions clivantes qui le singularisent à gauche, qu’il s’agisse de l’Ukraine – comme LFI, le PCF prône la recherche d’une issue diplomatique avant tout – ou de l’Europe – que Deffontaines juge trop libérale et qui serait de « moins en moins une bonne chose » (France Inter).
Données largement minoritaires (1 % ou moins) mais éparpillant encore davantage les voix à gauche, d’autres listes font également bande à part, comme le Parti des radicaux de gauche de Guillaume Lacroix, axé sur la question des territoires, Lutte ouvrière de Nathalie Arthaud ou même un autre parti écologiste, Écologie au centre.
Louise Pachurka