Les loisirs sont-ils devenus une perte de temps ? 

Peindre, faire du yoga ou encore jardiner, les loisirs sont un excellent moyen de ralentir le temps pour l’apprécier davantage. Pourtant, ils sont de plus en plus perçus comme futiles, dans une société qui cherche sans cesse à optimiser son temps.

Depuis quelques semaines, l’engouement autour du winter arc fascine les amateurs de développement personnel et des routines bien rangées. Cette nouvelle trend prône un dépassement de soi et une productivité constante, afin de devenir la meilleure version de soi-même. 

Derrière cette success story promise par les réseaux sociaux, c’est avant tout une FOMO (fear of missing out), une peur constante de manquer une opportunité, notamment de favoriser sa réussite, qui incite à cette quête de perfection illusoire.

Un désir de réussite qui reste « motivé par une pression économique », souligne Mathéo (@kappa_donno), étudiant en école d’ingénieurs. Pour beaucoup,  la productivité est synonyme de richesse, d’où la nécessité de travailler sans relâche : « le seul moment où tu peux vraiment souffler, c’est quand tu dors », ajoute-t-il.

Une fausse croyance qui pousse à croire que le temps non « productif » est mal utilisé, notamment dans une société où le travail et le succès matériel sont constamment valorisés au détriment du temps réservé aux loisirs.

La pression malsaine qui découle de ces attentes irréalistes peut mener à un épuisement mental, et un profond sentiment de culpabilité lorsque l’on ne parvient pas à être productif.

Un dépassement à l’extrême, donc, qui néglige l’utilité des loisirs. Ces moments réguliers, où le temps ne compte pas, sont pourtant essentiels pour Yénan (@young_sney.b), un passionné de musique. « C’est important pour ma santé mentale d’avoir des loisirs, car si je ne vais pas bien mentalement, cela se ressent dans mes projets. » explique le lycéen.

Toutefois, la reconnaissance de l’importance des loisirs est loin d’être nouvelle. Elle s’est concrétisée en 1981, lorsqu’un ministère du Temps libre a vu le jour, suite à l’accession de François Mitterrand à la présidence de la République. Dans ce contexte, le temps libre était valorisé, notamment avec les congés payés, bien qu’ils étaient encore considérés comme à visée productive ou éducative dans la pensée commune.

D’après l’observatoire société et consommation (ObSoCo), le temps des loisirs est « un temps non contraint, dont chacun peut nourrir le contenu de manière plus ou moins discrétionnaire ». Cette définition contrecarre la vision restrictive selon laquelle un loisir doit nécessairement être productif ou éducatif, ce qui va à l’encontre de son véritable objectif. En effet, le sport est davantage mis en avant, au détriment des loisirs créatifs comme la peinture ou la musique. Cela conduit à considérer ces derniers comme futiles, en raison de leurs bénéfices moins immédiats. Mais en pratique, c’est bien plus complexe. Chaque loisir apporte ses bienfaits physiques ou mentaux de manières différentes. Si le sport permet de réduire le stress, d’améliorer la qualité du sommeil et d’agir comme un antidépresseur, c’est également le cas du jardinage !

De nombreux bienfaits, pourtant ignorés, qui amènent à constater que le désir de réussite économique et sociale a entaché notre vision du temps libre.

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