Le 22 février 2021 restera pour beaucoup une journée noire. Dans l’après-midi, une vidéo inattendue intitulée « Épilogue » est publiée par le duo parisien Daft Punk, après sept années de silence. Alors que naît chez certains l’espoir d’un nouvel album, c’est en fait leur séparation que les deux humanoïdes annoncent. Drame aussi retentissant que la mort de Kurt Cobain à son époque, la nouvelle bouleverse plusieurs générations de fans.
Chefs de file de la French Touch
Formés en 1993 par Thomas Bangalter et Guy-Manuel de Homem-Christo, les Daft Punk sont avant tout les représentants de la French Touch. Popularisée dans les années 1990, l’expression désigne la jeune génération française de la scène électronique house. À l’époque, la musique techno est bannie de son pays d’origine, le Royaume-Uni. Forcées de s’exiler, les raves se multiplient au sein de l’Hexagone alors que les premiers DJ français — comme Laurent Garnier — font leur apparition.
Scène musicale très confidentielle, la French Touch va devenir un mouvement connu à l’international grâce aux Daft Punk. En 1995, le groupe sort le premier succès du genre, Da Funk, qui va permettre à la house music de toucher le grand public. En 1997, leur album Homework finit de lancer la démocratisation du genre.
Des casques iconiques
Forts de leurs réussites, les deux Parisiens réalisent leur deuxième album, Discovery, en 2001. Porté par des tubes comme « One More Time » ou « Harder, Better, Faster, Stronger », l’album donne au duo une notoriété mondiale. À cette époque, les DJ français préfèrent l’anonymat à la starification. Dorénavant, les Daft Punk sont cachés derrière des masques — tout droit sortis d’un film de science-fiction — qui sont présentés par le duo comme un effet du « bug de l’an 2000 ». Avec son style unique, le groupe construit sa légende sur le mystère et devient une icône de la pop culture. Leur musique n’est alors plus la principale raison de leur succès. En 2003, les Daft Punk produisent le film d’animation Interstella 5555 du japonais Leiji Matsumoto avant de réaliser un long-métrage, Daft Punk’s Electroma, qui suit la sortie de leur troisième album, Human After All, paru en 2005.
Un triomphe critique et populaire
Avec des apparitions limitées, les deux Français attisent l’engouement autour d’eux, notamment à travers des lives aussi rares que grandioses. En 2006, les Daft Punk se produisent sur la scène du célèbre festival californien Coachella. Lors de la représentation, ils dévoilent leur mythique scène triangulaire lumineuse. Le set est dantesque et devient une légende. De la tournée mondiale qui suit, le groupe sort l’album Alive 2007 qui leur permet de décrocher un premier Grammy Awards, la récompense musicale la plus prestigieuse qu’il soit. Sept ans plus tard, le duo sort ce qui sera son dernier album, Random Access Memories. Vendu à plusieurs millions d’exemplaires, l’album obtient cinq Grammy Awards et offre au duo un succès jamais atteint par des artistes de la scène électronique.
En 28 ans, les Daft Punk auront permis à une culture techno — trop longtemps ignorée — de s’exprimer librement, faisant ainsi danser des millions de fans. Ils se séparent en laissant derrière eux une œuvre iconique et intemporelle.
Armand MOREIRA
Couverture : Daft Punk – Epilogue (image extraite de leur vidéo youtube annonçant leur séparation)
Sources :
- couverture : Daft Punk – Epilogue (image extraite de leur vidéo youtube annonçant leur séparation)
- 1. Daft Punk (image extraite du clip vidéo de Get Lucky) : https://www.youtube.com/watch?v=XkeIwhKIi84
- 2 Electroma – Daft Punk – Daft Arts – 2006