Une algue pour remplacer de l’huile de palme

Le concours iGEM est une compétition internationale annuelle, ayant pour thème la biologie de synthèse. Des équipes d’étudiants venants des quatre coins du monde y participent chaque année. Ce concours s’inscrit dans une dynamique de recherche responsable. Les équipes candidates sont invitées à travailler sur des problématiques actuelles.

Dans le numéro d’octobre nous vous avons présenté le projet de l’équipe 2018 d’iGEM Sorbonne Université. Comme chaque année: le flambeau est passé. Nous avons eu l’occasion de rencontrer la nouvelle équipe qui s’attaque à un tout nouveau projet. Ils nous ont exposé leurs ambitions, les enjeux du concours ainsi que les obstacles à surmonter. Leur but était de trouver un projet innovant mais surtout utile.

C’est dans cette optique que l’équipe 2019 est parvenue à définir son projet : la production alternative d’huile de palme par l’algue Chlamydomonas reinhardtii. Cette algue autotrophe produit sa matière organique à partir de la photosynthèse, elle ne consomme donc rien et promet un meilleur rendement. Les acides gras C16 et C18:1, respectivement connus sous les noms d’acide palmitique et d’acide oléique, sont les composés principaux de l’huile de palme. Le défi principal est donc de faire produire à l’algue ces acides gras en quantité importante.

A l’état naturel, Chlamydomonas produit beaucoup d’acides gras poly-insaturés, possédant plusieurs doubles liaisons dans leur structure, qui ne font pas partie de la composition particulière de l’huile de palme. Dans un premier temps, il faut trouver un moyen de supprimer l’activité des enzymes responsables de ces poly-insaturations, qui n’ont aucun intérêt dans la synthèse de l’huile de palme. Dans un second temps, il est nécessaire de sur-exprimer la production des acides gras C16 et C18:1. Pour ce faire, il faudrait apporter, chez Chlamydomonas, les gènes codant pour les enzymes responsables de la production de ces acides gras, la “fatty acid synthase I” et l’élongase. Enfin un dernier enjeu, mais pas des moindres, réside dans l’extraction des acides gras produits. Lorsque Chlamydomonas est soumise à une pression, comme une carence en azote, elle produit des gouttelettes lipidiques formées de triglycérides, aussi appelés TAG, constitués de 3 acides gras liés par une chaîne carbonée. Il faudrait donc s’assurer que les acides gras produits, C16 et C18:1 s’engagent bien dans la voie des TAG afin qu’ils puissent être extraits des gouttelettes lipidiques après leur récolte.

Ce projet ambitieux réserve de nombreuses difficultés mais en vaut la peine. En effet, aujourd’hui l’huile de palme est une des causes majeures de la déforestation. Travailler sur sa production alternative ne peut être que bénéfique pour la planète. Affaire à suivre sur la page Facebook IGEM 2019 Sorbonne Université Paris…

Lola IANNUZZI

Crédit photo : IGEM

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