La précarité menstruelle, un fléau moderne

La précarité menstruelle est le fait d’avoir des difficultés voire d’être dans l’impossibilité de s’acheter des protections quand on a ses règles.

En France (comme dans la majorité des pays du monde), ce phénomène touche un grand nombre de femmes venant de milieux divers. Tout d’abord, des étudiantes vivant sous le seuil de pauvreté. Cette catégorie représente environ 270 000 femmes, selon l’Inspection Générale des Affaires Sociales. Cette forme de précarité touche aussi les femmes sans domicile fixe. Selon la dernière étude de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) traitant des personnes SDF de 2012, 40 000 femmes sont concernées. Des études plus récentes (mais moins précises) amènent à penser que ce nombre est en augmentation -Alma Mater vous invite à lire l’article du Monde « Les pays européens confrontés à la hausse du nombre de sans abri », publié en avril 2019, pour plus de précisions.

Les femmes actives et précaires -femmes travaillant dont le salaire est insuffisant pour répondre à leurs besoins primaires- sont aussi concernées. Encore une fois, selon l’Insee, pour une femme sur dix, le pouvoir d’achat « arbitrable » -l’argent qui reste après toutes les dépenses réalisées dans le cadre d’un contrat, telles que le logement, les factures d’électricités, téléphoniques etc.- équivaut à 180 euros par mois.

La précarité menstruelle est donc une réalité pour 1,6 million de femmes entre 16 et 51 ans qui consacre 5% de leur budget à leurs règles.

Concernant les frais liés aux règles, aucune étude précise et détaillée n’existe. Toutefois, le journal Le Monde a mené une enquête afin de calculer leur coût moyen pour les femmes françaises. La méthode de calcul prend en compte les dépenses liées directement aux règles (tampons, serviettes, cup etc.) ainsi que les coûts annexes (consultation chez le gynécologue, rachats de draps ou de culottes suite à un accident, médicaments pour calmer la douleur etc.).

Leur résultat indique que chaque cycle menstruel coûte environ 10 euros à une femme soit 5 000 euros pour une vie. 

Afin de pallier à ce problème, certains acteurs politiques commencent à se saisir de la question. Ce fut notamment le cas en janvier 2016, lorsqu’une loi a permis de faire passer la TVA des serviettes et tampons hygiéniques de 20 % (le taux normal, autant que les produits de luxe) à 5,5% (taux réduit, appliqué notamment pour l’alimentaire) pour les serviettes.

D’autres propositions politiques ont vu le jour cette année. En mars 2019, par exemple, le député, Bastien Lachaud, a proposé la gratuité des protections menstruelles. Deux mois plus tard, la sénatrice Patricia Schillinger a été confiée d’une mission : étudier la possibilité de mettre en place un plan visant à distribuer gratuitement des protections périodiques pour les femmes en situation de précarité dans des lieux publics -hôpitaux, écoles, prisons etc. Ce projet fait écho à une décision prise en Écosse à l’été 2018 : rendre gratuit les protections hygiéniques dans des universités pour les étudiantes qui n’ont pas assez d’argent pour en acheter.

En attendant que ces mesures voient le jour, des organisations et associations s’organisent pour tenter de répondre aux besoins urgents. L’épicerie solidaire AGORAé, par exemple, propose aux étudiants en difficulté des produits très divers (nourriture, produits d’entretien, fournitures scolaires etc.) à prix réduit (de 10% à 30% moins cher que dans le commerce classique). Il lui arrive de vendre des produits hygiéniques. Ces derniers partent très vite car répondent à un grand besoin des étudiantes précaires. La Mutuelle des Étudiants a aussi commencé à s’attaquer au problème depuis 2017, en remboursant les protections intimes de ses adhérentes de 20 à 25 euros par an. Une troisième initiative peut être saluée, il s’agit de celle de l’association Règles élémentaires. Cette dernière distribue 200.000 produits hygiéniques par an à 20.000 femmes environ.  Elle fournit une boîte à dons à quiconque souhaite participer à ce combat. Il suffit alors de la placer dans son lieu de travail afin que chacun puisse y déposer des produits d’hygiène intime.

Vous êtes passée à la cup récemment et n’utilisez plus vos anciennes protections ? Votre meilleur.e ami.e, collègue etc. n’a jamais entendu parler pas de la précarité menstruelle ? N’hésitez pas à vous rapprocher de ces structures et de les faire connaître afin d’aider toutes ces femmes.

Laure DEFONTE

Sources :

https://www.lmde.fr/prevention/remboursements-protections-hygieniques

https://www.regleselementaires.com/

https://www.facebook.com/AGORAeParis/?ref=br_rs

https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/04/03/les-pays-europeens-confrontes-a-la-progression-du-sans-abrisme_5445163_3224.html

https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/10/17/des-protections-hygieniques-gratuites-pour-lutter-contre-le-fleau-de-la-precarite-menstruelle_6015885_3224.html

https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2019/07/02/precarite-menstruelle-combien-coutent-ses-regles-dans-la-vie-d-une-femme_5484140_4355770.html

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *