A défaut d’être des tueurs d’humains, les robots seraient-ils des assassins d’emplois ?
Cette interrogation n’est pas nouvelle et figurait déjà en première page du New York Times en 1964. Plus anciennement encore, les premières machines installées dans les usines, entraînèrent beaucoup de licenciements, notamment dans les industries du textile et de la sidérurgie. Dès lors, de nombreux travailleurs décidèrent de se regrouper afin de détruire ces machines qu’ils jugeaient être une menace pour leur savoir-faire et leur gagne-pain.
L’automatisation n’est donc pas nouvelle, pourtant les Hommes travaillent toujours et sont parfois même parvenus à obtenir le plein emploi, par exemple durant Les Trente Glorieuses. S’agit-il donc d’une chimère ou n’était-ce que partie remise et “cette fois, c’est la bonne” ?
Il est d’abord important de constater les effets de l’automatisation sur l’emploi. En effet, il est souvent argumenté que l’introduction de nouvelles technologies transforme l’emploi plus qu’elle ne le détruit. On assiste davantage à une transition de secteurs : la première révolution industrielle engendra une désertion du secteur primaire vers le secondaire. Les paysans devinrent des ouvriers. La seconde a converti les ouvriers en employés, introduisant la société de services.
Ce récit de l’évolution de l’emploi semble rassurant. Cependant, deux questions sont source d’inquiétudes. Si le secteur tertiaire a actuellement une influence majoritaire, il n’existe aujourd’hui pas vraiment de secteur quaternaire vers lequel faire la prochaine transition. Il faudra donc miser sur la naissance de nouveaux services, ce qui tient véritablement de la spéculation à ce stade.
Nous nous heurtons enfin à un problème de temporalité ; il serait naïf de penser que la transition s’opère sur les mêmes catégories de personnes. Dans l’histoire du paysan devenant ouvrier, les 2 emplois sont de qualification équivalente, mais à l’avenir, la différence de qualification augmentant, il faudrait parler plutôt de remplacement que de transformation. Cette transition risque de créer de nombreux laissés-pour-compte au profit d’une élite disposant du savoir technique.
Une étude plus approfondie est évidemment nécessaire et les interprétations politiques sont nombreuses, de la plus libérale à la plus marxiste.
L’équipe Sorbotic
Pour approfondir :
- Technocritiques, du refus des machines à la critique des techno sciences
- J-G Ganascia – Le mythe de la Singularité
- Le blog Sciences Critiques