Notre alimentation peut-elle influencer notre comportement ?

Notre alimentation peut-elle modifier notre comportement social et agir comme moyen de prévention à la dépression et aux troubles psychologiques ?

Le microbiote intestinal est devenu un objet de recherche pour ceux qui s’intéressent au cerveau et au comportement. Ces dernières années ont donc vu son émergence comme sujet majeur de recherche en biologie. Ainsi, les livres de vulgarisation scientifique sur cette thématique se sont multipliés. Un des plus connus d’entre eux à travers le monde est sans doute l’ouvrage de Giulia Enders, Le Charme discret de l’intestin publié en 2015 aux éditions Actes sud. La jeune doctorante rend compte des dernières découvertes sur cet organe sous-estimé qui, accompagné de son microbiote (désignant l’ensemble des micro-organismes, bactéries, micro-champignons et protistes qui l’habitent), agit en réalité comme notre “deuxième cerveau”[1].

En effet, des études conduites en 2016 [2] ont démontré que l’axe cerveau-intestin-microbiote jouait un rôle crucial dans des troubles divers. Cela peut aller de la dépression, l’obésité, aux allergies, en passant par la maladie de Parkinson et les troubles du spectre autistique. Les données indiquent que des altérations de la composition microbienne intestinale peuvent affecter substantiellement la physiologie centrale et même le comportement social. De plus, nous savons que la transplantation de ces organismes peuplant notre intestin est capable de transférer un phénotype comportemental ou physiologique différent de celui présent à l’origine. En changeant les micro-organismes peuplant un intestin, nous sommes donc capables de modifier le comportement de la personne qui les reçoit.

Ce constat s’explique notamment par les multiples voies de communication qui s’établissent entre l’intestin et le cerveau, notamment par le nerf vague, le système immunitaire, les acides gras à chaîne courte et le tryptophane. Sur le plan du développement, les personnes nées par césarienne ont un microbiote très différent au début de leur vie de celui des personnes nées par voie basse [3].

Le stress, y compris celui au début de la vie, peut modifier la composition du microbiote et avoir des conséquences marquées sur la physiologie à l’âge adulte [4]

Exploiter les mécanismes sur la façon dont le microbiote affecte la signalisation intestin-cerveau constitue donc un avenir prometteur. En effet, savoir agir sur ces mécanismes ouvre la voie à de nouvelles thérapies et diagnostics permettant la gestion de notre microbiote. Le but ultime est de traiter et prévenir les maladies et les trouves du système nerveux central [5].

Dans son ouvrage Le Charme discret de l’intestin, Giulia invite ainsi à changer de comportement alimentaire, à éviter certains médicaments et à appliquer quelques règles très concrètes pour faire du bien à son ventre [1]. À vous de prendre soin de votre microbiome intestinal et de ses habitants (microbiotes). Ils se chargeront en retour de prendre soin de votre comportement social et de votre santé mentale.

Alice CARLE

Couverture : Illustration de Centaure Emeline (instagram : @emeline_centaure)

Sources :

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