Pour son dossier consacré au Portrait, Alma Mater est allé à la rencontre de Miccaella Losorgio, une photographe centrée sur le portrait artistique.
Miccaella, merci d’avoir répondu à notre invitation. Une première question, comment es-tu tombée dans la photographie ?
Miccaella : J’aime l’art. J’ai toujours adoré capter le beau autour de moi. Au départ, je fais du dessin, mais j’ai aussi quelques penchants pour la photographie. Le dessin a ce quelque chose de particulier… [elle réfléchit] Ce que tu dessines sort directement de ton esprit alors que la photographie, c’est différent, ça immortalise un moment précis. Ça a ce quelque chose qu’on ne retrouve pas avec le dessin.
A Paris, je cherchais un cours d’art, en vain. J’ai finalement trouvé un cours de photographie à Paris IV, la fac de lettres de la Sorbonne. Ce n’est pas un cours focalisé sur la technique, mais plus sur l’histoire de l’art. Mon professeur, Yann Datessen, lui aussi photographe, est très proche de ses élèves. Ça change d’avoir un prof aussi à l’écoute, et qui nous aide autant à développer notre culture photographique. Grâce à lui, la photographie est devenue une passion.
Le portrait pour faire ressortir l’âme
Miccaella nous explique que les photographies de mode ont eu une influence sur sa pratique. Elle cite notamment Peter Lindbergh, photographe de mode allemand mondialement connu pour ses photographies de super-mannequins en devenir. L’une des plus connues reste probablement son cliché de 1988, pris sur une plage de Santa Monica, où Estelle Lefébure, Karen Alexander, Rachel Williams, Linda Evangelista, Tatjana Patitz et Christy Turlington rient aux éclats dans leur chemise blanche.
Miccaella : J’aime ce côté très spontané, naturel. Avant Lindbergh, les photos de mode étaient très mises en scène, trop millimétrées.
D’autres noms apparaissent sur sa liste d’influences : Nan Goldin, Richard Avedon, Sarah Moon et Helmut Newton.
Miccaella : Helmut Newton suscitait la controverse à l’époque. Les critiques lui reprochaient d’objectifier la femme. Il fait partie des précurseurs du porno-chic. Sans rentrer dans le débat, je trouve que ses clichés sont d’une grande qualité !
Sur ton Instagram, tu publies essentiellement des portraits de femmes. Pourquoi ? Que t’inspirent-elles ?
Miccaela : Je ne sais pas. Quand je travaille avec des modèles féminins, j’ai plus d’idées !
Plongeons maintenant dans l’univers de ses clichés.
Dans sa série Goodbye Sweet Childhood, Miccaela aborde le passage de l’enfance à l’âge adulte, notamment en explorant l’intimité de la comédienne Blanche De Gaulle.
Réalisée dans la maison familiale de Blanche, la série se présente comme une narration à la fois gaie et mélancolique.
« Le pari est de pouvoir faire ressortir l’émotion à travers l’ensemble des photos, un peu comme celle que l’on ressent à la lecture d’un bon livre. »
Pour transporter la lumière de sa modèle jusqu’au capteur de l’appareil, Miccaela utilise un objectif de 50 millimètres.
« Cette focale permet de se rapprocher au mieux des perspectives que voit l’œil humain, ce qui permet d’apporter à la série davantage de réalisme. »
- Les techniques photographiques qu’utilisent Miccaela reposent sur un double enjeu :
“ Je n’ai utilisé aucun flash pour ces photos. Cela leur ajoute plus de grains, leur donne un peu un effet tableau, un côté mystérieux. On se pose des questions sur la photo.
En plus, aujourd’hui, il semble important de participer activement au maintien de notre environnement. J’essaye de travailler le plus bio possible. Cela demande d’utiliser moins d’énergie artificielle. »
La volonté de ne pas utiliser de lumière artificielle chez Miccaela se retrouve dans nombre de ses clichés.
« Voici Drago, j’ai suivi une partie de sa vie dans la rue. Ici non plus, je n’ai utilisé aucun flash et les seules sources lumineuses proviennent du Soleil, que l’on voit apparaître derrière lui, et de la flamme du briquet.
Personnellement, je trouve que c’est une de mes meilleures photos. »
Adrien ALBERTINI
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