Vous connaissez sûrement Agatha Christie pour la ribambelle de polars qu’elle a écrit : Dix Petits Nègres, Mort sur le Nil, Le Crime de l’Orient-Express… Mais ce que vous ne savez peut-être pas, c’est que l’autrice anglaise a aussi orchestré sa propre disparition… Ou quand la fiction devient réalité !
Hiver 1926 : Agatha Christie, alors âgée de 36 ans, a déjà percé dans le paysage littéraire britannique et compte plusieurs romans à son actif dont Le meurtre de Roger Ackroyd, tout juste sorti en librairie. En parallèle, elle est mariée et mère d’une petite Rosalind, mais son mari lui fait des infidélités depuis plusieurs mois. Il est justement absent la nuit du 3 décembre, probablement chez sa maîtresse, lorsqu’Agatha Christie quitte leur domicile du Berkshire au volant de sa Morris Cowley, après avoir embrassé sa fille et demandé à sa secrétaire d’annuler ses rendez-vous. Le lendemain, les draps sont froids : la jeune femme n’est pas rentrée dormir.
On retrouve le même jour sa voiture au bord de l’étang de Silent Pool, les phares allumés, avec à l’intérieur un manteau de fourrure et un permis de conduire au nom d’Agatha Christie, mais, aucune trace de la conductrice. La police lance immédiatement des recherches : drainage de l’étang, battue de policiers et volontaires, survol de la zone par des aéroplanes… La romancière demeure introuvable. Pendant ce temps, la presse britannique s’affole : disparition ? suicide ? meurtre ? Les journaux publient même des photomontages de la jeune femme avec des lunettes ou les cheveux courts pour pouvoir mieux l’identifier. On promet 100 livres sterling de récompense pour toute information sérieuse.
Le 14 décembre, après plusieurs fausses pistes, toujours aucune nouvelle d’Agatha Christie. Au même moment dans le petit village d’Harrogate, au nord de l’Angleterre, le Swan Hydropathic Hotel reçoit un groupe de jazz pour animer la soirée. C’est alors que le saxophoniste reconnaît parmi les spectateurs … Agatha Christie ! L’alerte est donnée et les enquêteurs arrivent sur place avec son mari. Mais la jeune femme ne le reconnaît pas, et, plus étrange encore, on découvre qu’elle s’était enregistrée en tant que Theresa Neele, le nom de la maîtresse de son époux.
De retour à Londres, la romancière reprend sa vie habituelle et ne parlera jamais de ce qu’il s’est passé pendant ces dix jours, pas même à sa fille Rosalind. Le mystère demeure donc entier : certains y ont vu une fugue dissociative qui aurait été causé par la dépression (suite à la découverte de l’infidélité de son mari), d’autres une opération de pub pour le lancement de son dernier livre. Sa disparition a en effet profité à sa réputation car c’est à partir de cet épisode que la jeune femme est devenue la reine du polar que l’on connaît, cumulant aujourd’hui 350 millions d’exemplaires vendus dans le monde.
Le mystère de son escapade a par ailleurs inspiré le maître du suspense, Hitchcock, avec Une femme disparaît, et le romancier Gillian Flynn avec Les Apparences. Plus récemment, Agatha Christie, le chapitre disparu de Brigitte Kernel revient une nouvelle fois sur l’affaire et tente de l’élucider. Une disparition qui risque de continuer à faire parler d’elle !
Marjolaine Milon
Sources :
https://www.marieclaire.fr/,le-jour-ou-agatha-christie-a-decide-de-disparaitre,829189.asp
http://www.slate.fr/story/120487/disparition-agatha-christie
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