Autrefois indispensable aux gentlemen et dirigeants, la cravate pourrait avoir fait son temps. Pourtant, elle réapparaît dans nos garde-robes, au quotidien comme sur les podiums. Cet accessoire devenu indémodable n’était pourtant pas destiné à un tel succès.
Simple morceau de tissu noué au cou des soldats de terre cuite de l’empereur Qin Shi Huang au IIIe siècle puis utilisée par les hussards croates durant la guerre de Trente Ans, la cravate était à l’origine plus proche de l’écharpe que de sa forme actuelle. C’est grâce au Roi Soleil et à son influence qu’elle fut vraiment adoptée comme accessoire de mode incontournable de la haute société. Son nom n’est cependant pas un hasard puisque « cravate » serait un dérivé du mot « croate ».
Par la suite, elle s’est imposée comme essentielle à la composition d’une tenue masculine digne de ce nom. Dès le début du XXe siècle, associée au fameux costume de l’homme d’affaires, la cravate inspirait respect et puissance. Exclusivement réservée aux hommes et symbole du patriarcat, elle a longtemps fait partie des must have de l’homme de pouvoir.
Ce n’est qu’en 1924 que la cravate moderne naît des recherches de l’américain John Langford, qui crée un modèle épuré, pratique à nouer et pour la première fois porté par des femmes : les garçonnes. N’échappant pas à la folie des années 1980, la cravate va voir sa forme changer et ses couleurs se diversifier.
Elle reste de nos jours de rigueur dans des domaines tels que la politique ou les affaires mais ne cesse d’être délaissée par les employés, conséquence de la pandémie et du développement du télétravail. Aujourd’hui, la cravate est souvent considérée comme contraignante et dépossédée de son influence, en attestent les millionnaires Mark Zuckerberg et Elon Musk qui ont adopté le conventionnel « jean-baskets ».
Même si ses ventes diminuent, on a vu bon nombre de défilés de la Fashion Week parisienne mettre à l’honneur cet accessoire désormais adopté autant par les hommes que par les femmes. En outre, les jeunes de 18 à 30 ans continuent de se l’approprier, qu’elle soit jaune, noire, à pois ou à rayures. Reflet d’une humeur, d’un caractère, la cravate reste un intemporel et semble avoir de beaux jours devant elle. Après tout, la mode est un éternel recommencement.
Anaïs Boulard