Les « catherinettes » : une fête stigmatisante pour les femmes ?

Avez-vous déjà entendu parler des « catherinettes » ? Il s’agit à l’origine d’une fête religieuse datant du Xe siècle, célébrée le 25 novembre, jour de la Sainte-Catherine. Selon la légende, Catherine, jeune chrétienne érudite qui vit à Alexandrie au IVe siècle, refuse d’épouser l’empereur romain Maxence, païen, au nom de sa foi. L’empereur l’emprisonne, l’affame et la torture avec quatre roues agrémentées de vis et de clous, mais elle survit. Il finit par la décapiter. Elle devient alors sainte, martyre et patronne des filles à marier. Les jeunes femmes célibataires de 25 à 35 ans se rendaient dans les églises pour orner la statue de fleurs, renouveler la coiffe de la sainte et faisaient le vœu de trouver un mari. Le soir lors d’un bal, elles se faisaient remarquer en portant un chapeau extravagant aux couleurs jaune et vert, symbolisant la réussite et l’espoir. Devenues ensuite une fête populaire, les « catherinettes » étaient célébrées dans des petites communes, lors de foires populaires et dans des entreprises où des compétitions, cortèges et défilés de « catherinettes » étaient organisés et rassemblaient beaucoup de monde.

Cette tradition a été contestée dès 1930 par des milieux féministes. Jugée discriminante et sexiste, la coutume a cependant perduré dans le milieu de la mode. En effet, sainte Catherine est également la patronne des couturières. Les maisons de couture et les grands magasins organisaient des fêtes qui se poursuivaient par un cortège dans la rue. Véritable institution, les couturières confectionnaient des chapeaux excentriques et colorés pour l’occasion et avaient pris l’habitude, dans le quartier du Sentier de Paris, de fleurir une statue de sainte Catherine.

Coïncidence symbolique, les Nations unies (ancêtre de l’ONU) ont déclaré la date du 25 novembre comme la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes. Les « catherinettes » sont une tradition désuète qui révèle la condition des jeunes femmes non mariées. Aujourd’hui, le nom de cette coutume a été repris, notamment par l’association Les Catherinettes à Nantes, qui accompagne les structures culturelles dans la mise en place d’un dispositif de prévention des violences sexistes et sexuelles en milieu festif.

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