Maria Sklodowska naît en 1867 à Varsovie. Sa soif de connaissance la pousse à quitter son pays pour aller étudier les sciences en France, où elle fait partie des 23 filles sur les 1 825 étudiants. Avant de repartir comme prévu vers sa Pologne natale, l’étudiante est retenue à Paris par l’amour. Elle rencontre Pierre Curie en 1895, lui-même chercheur en sciences.
La faim insatiable de savoir des époux ne faiblit pas, ils travaillent ensemble sur les propriétés magnétiques des aciers puis se consacrent à l’étude des rayons X. Les Curie vivent alors pauvrement, mais rien ne les arrête dans leur engouement pour les expériences. Ils aménagent dans leur domicile un laboratoire qui sert également d’étable. C’est dans cette pièce de tous les espoirs que le couple scelle son destin à la fois brillant et funeste. Entre ces quatre murs, ils travaillent jour et nuit sur le rayonnement produit par l’uranium, sans jamais s’en protéger car on ignore alors tout de sa dangerosité. C’est ainsi qu’ils découvrent le polonium et le radium, deux nouveaux éléments radioactifs extraits d’un minerai rare : la pechblende.
En 1903, le couple reçoit le prix Nobel de physique pour ses découvertes sur les radiations, ce qui leur offre enfin une réputation, en France comme à l’étranger. Marie est à nouveau récompensée en 1911 avec le prix Nobel de chimie.
Après la mort de Pierre, Marie lui succède en tant qu’enseignante à la Sorbonne. La passion de la scientifique lui aura permis de braver tous les interdits et d’imposer un premier tournant féministe dans le monde scientifique et universitaire.
Marie Curie honore le nom et la mémoire de son mari jusqu’à son dernier souffle, en 1934. Elle laisse alors le souvenir d’une femme froide et passionnée, une dureté provoquée par le milieu masculin au sein duquel elle s’est battue sans relâche afin d’obtenir la reconnaissance à la hauteur de ses découvertes. Malgré deux prix Nobel – un record toujours inégalé – la physicienne et chimiste peine à être prise au sérieux : c’est le portrait que dresse Marjane Satrapi dans le film Radioactive (2019).
Le couple a marqué l’histoire grâce à l’image d’un amour inébranlable, scellé par une passion et une ambition communes, celles de l’avancée scientifique. C’est l’héritage qu’ils laissent avec ce nom qui arbore aujourd’hui de nombreuses infrastructures et fondations. Ils lèguent au domaine scientifique leurs découvertes, leurs prix, leurs filles – dont Irène, elle-même devenue scientifique – mais emportent avec eux cet amour galvanisant et incarnent le souvenir d’un couple mythique par leur intelligence.
Louhane Neau