On considère généralement Yvain ou Le Chevalier au Lion par Chrétien de Troyes comme l’un des premiers romans de la littérature française. Datant du XIIe siècle, cette saga tisse le mythe de l’amour courtois à travers la romance d’Yvain et de Laudine. Ce couple incarne l’amour conjugal à la cour du roi Arthur.

Si l’amour décrit par Chrétien de Troyes dans ses récits de la table ronde prend toutes les formes, de l’amour non partagé de Sir Pellinore pour la Dame du Lac à l’amour interdit de Lancelot et Guenièvre, il prône ici la fidélité dans le mariage. Le Chevalier au Lion présente les fondements de la fin’amor. Le protagoniste, un chevalier courageux, est confronté à diverses épreuves démontrant son courage pour mériter la femme qu’il aime, Laudine.

L’amour intense et sincère que porte Yvain à Laudine entre en conflit avec ses obligations chevaleresques. Gauvain, chevalier et ami d’Yvain, lui reproche de délaisser les armes et le persuade de reprendre les combats. Mais repris par sa passion, Yvain oublie sa promesse de revenir auprès de sa bien-aimée après une année et doit alors affronter de nombreuses épreuves pour mériter son pardon.

« Serez-vous de ceux qui déméritent parce qu’ils ont pris femmes ? » vv 2486-88

Cette dualité entre l’amour et le devoir met en lumière les dilemmes auxquels sont confrontés les chevaliers. Yvain, par sa quête incessante de trouver un équilibre entre ces deux mondes, incarne le tumulte intérieur que représentent ces choix déchirants entre obligations sociales et affections profondes.

L’épouse d’Yvain ne représente pas une simple passion amoureuse : elle est la boussole émotionnelle du chevalier. D’après Philippe Walter, spécialiste des mythologies chrétiennes, l’origine de Laudine remonterait au mythe de la femme-cygne, dont la beauté surnaturelle suscite chez les hommes une « maladie d’amour ». S’il souhaite obtenir son pardon, le chevalier se voit confronté à une quête longue et difficile.

L’importance de Laudine dans la vie du chevalier va ainsi bien au-delà de l’affection romantique : elle représente le pivot autour duquel tourne l’évolution morale et personnelle du chevalier au Lion.

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