Le mercredi 28 février, la chambre haute du Sénat vote pour la constitutionnalisation de l’avortement. C’est un jour « historique » pour la France. Cinquante ans après la loi Veil du 20 décembre 1974, cette avancée consolide la liberté des femmes en érigeant l’interruption volontaire de grossesse (IVG) en « liberté garantie ».
C’est après 20h que la sénatrice écologiste Mélanie Vogel, qui a porté cette proposition au Sénat pendant un an, exprime son soulagement en pleurant de joie devant la presse. Elle annonce avec fierté :« plus jamais les faiseuses d’anges, les cintres, les aiguilles, les mortes ». Elle ajoute : « Disons à nos filles, nos nièces, nos petites-filles et leurs amies : vous êtes désormais, et à jamais, libres. »
L’aspiration à constitutionnaliser l’IVG n’est pas récente. En 2017, Laurence Cohen, ex-sénatrice communiste, avait initié, sans suite, un premier texte en ce sens. Le sénateur socialiste Luc Carvounas avait également essuyé un refus lors du premier quinquennat d’Emmanuel Macron, sa proposition étant jugée « inutile » par une majorité.
Cependant, le 30 janvier 2024, plus de 500 député·es à l’Assemblée nationale ont voté en faveur du texte. Seule une trentaine a exprimé son désaccord, provenant principalement de l’extrême droite et du parti Les Républicains (LR). Depuis des mois, une appréhension persistait quant au vote des sénateurs, souvent perçus comme plus conservateurs. En effet, Pauline Martin, sénatrice LR du Loiret, avait initialement des réserves concernant ce projet de constitutionnalisation de l’IVG. Toutefois, elle a changé d’avis après avoir discuté avec ses fils, qui lui ont dit : « Maman, il faut que tu vives avec ton temps. Tu ne peux pas voter contre. »
Il reste toutefois une étape cruciale pour que la France inscrive réellement ce projet de loi dans l’article 34 de la Constitution et devienne le premier pays à intégrer l’avortement dans sa Constitution. Il faut que les 3/5e du congrès acceptent d’adopter le projet de loi lors d’un rassemblement, lundi 4 mars, réunissant tous les parlementaires à Versailles.
Aïcha Fahmi