Exposition Yves Saint Laurent : Transparences, le pouvoir des matières

Dentelles, tulles et mousselines sont au rendez-vous au musée Yves Saint Laurent, dans le XVIe arrondissement, jusqu’au 25 août 2024, pour une exposition sur la relation du grand couturier avec la transparence, un de ses leitmotivs favoris.

À la suite de l’exposition à la Cité de la dentelle et de la mode de Calais durant l’été 2023, Transparences est réalisée sous la direction de la curatrice Anne Dressen et de l’architecte Pauline Marchetti. Les deux expertes entendent « explorer le regard d’Yves Saint Laurent au plus près de ses liens au corps et à la nudité revisitée ».

Les galeries de l’ancien atelier Saint Laurent nous plongent dans le paradoxe d’un habit qui ne couvre pas, qui ne cache pas le corps. De la robe de mariée à l’incontournable costume noir, en passant par les robes du soir fleuries, cette exposition retrace la scandaleuse révélation du corps féminin depuis les années 1960 jusqu’à la mort du couturier.

Transparences se compose de cinq sections. Une première sur le couturier et ses débuts vers la transparence, qui comporte notamment l’iconique smoking-bermuda ou la robe de soir ceinturée de plumes (haute couture printemps-été 1868). Une seconde sur la transparence « ajourée » : plus osée, elle se compose essentiellement de dentelles révélatrices au niveau des hanches et de la poitrine. Saint Laurent souhaite provoquer, choquer, pour mettre en valeur la force de ces femmes qui l’inspirent. L’exposition se concentre ensuite sur les transparences « floues » qui se composent d’étoffes vaporeuses et de formes fluides doublant le corps de la femme, qui, tel un spectre éthéré, a l’air de flotter au-dessus des podiums de défilés. Puis vient le tour des transparences « structurales », avec des silhouettes graphiques et élégantes qui rappellent le papier des patrons et les calques annotés du créateur. Enfin, un dernier volet est entièrement consacré à la robe de mariée. Intitulé « La Mariée ne sera pas transparente », il vient clôturer l’exposition par un paradoxe fascinant. Anticonformiste, la mariée Saint Laurent est faite de tulle blanche, noire, rouge ou violette. Elle porte une amulette ensanglantée autour du cou et une robe à froufrous qui couvre ses chevilles.

Se matérialise ainsi une atmosphère envoûtante, qui transporte le public dans un univers féministe, entre révélation et restructuration du corps des femmes. L’ambiance vaporeuse de l’atelier de couture, où tant de femmes ont défilé, témoigne des changements de la mode et de la vision du corps féminin. L’exposition est ponctuée d’œuvres d’art moderne et contemporain tels que celles de Man Ray ou de l’illustratrice Anne Bourse, un hommage à la passion du couturier pour les autres formes d’arts qui l’entourent.

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