Depuis 1995, à mesure que les moyens de détection des exoplanètes se perfectionnent et se multiplient, l’impatience des médias de connaître une « nouvelle Terre » grandit tout autant. Si bien qu’elle cause du discrédit à ce pan de recherche rattaché à l’astronomie qui commence seulement à battre son plein ces dernières années.
Crédit : SYSTEM Sounds (M. Russo, A. Santaguida) avec NASA Exoplanet Archive
Au grand damne des astrophysiciens, le sujet des exoplanètes se trouve être régulièrement la cible d’amalgames de la part des médias. La présence d’eau sur ces planètes extragalactiques est en particulier très mal appréhendée et donc de mauvaises – voire fausses – informations circulent sur une potentielle vie abritée. D’ailleurs, certaines rédactions sautent sciemment hâtivement aux conclusions pour bénéficier d’un meilleur rendu SEO (Search Engine Optimization)…
La problématique a été de nouveau à l’ordre du jour en septembre 2019, lors de la publication de résultats prometteurs dans les célèbres revues Nature Astronomy et Astronomical Journal. En effet, deux équipes de chercheurs ont annoncé avoir découvert de la vapeur d’eau dans l’atmosphère d’une “super-Terre” (K2-18 b), située dans la zone habitable. Malgré tout, prenons de la distance sur ces données qui ont encore une fois suscité un engouement disproportionné.
Certes, la première condition qui détermine si une planète est susceptible d’assurer la vie est que celle-ci doit se situer dans la zone d’habitabilité de son étoile (i.e. région du système solaire où l’eau se trouve à l’état liquide). Toutefois, il ne faut pas confondre zone habitable avec le support de la vie : l’eau seule ne constitue pas un critère suffisant pour déclencher une forme de vie similaire à celle sur Terre (par exemple des molécules carbonées doivent être présentes). C’est pourquoi, à la lumière des informations exposées, le fait d’avoir détecté de l’eau dans l’atmosphère d’une exoplanète (comme K2-18 b) ne signifie en rien que celle-ci peut abriter la vie – en premier lieu car elle est sous forme gazeuse et non liquide. Ainsi, la taille du corps céleste, la densité de l’atmosphère et la composition chimique de la surface sont tous autant des ingrédients clés intervenant dans la formation d’une activité biologique.
D’autre part, il faut se rendre à l’évidence que nous ne sommes pas en mesure de détecter directement la présence de vie, pour la simple raison que nous ne pouvons point nous rendre sur place. Face à notre impuissance, nous tentons alors de la détecter indirectement, par le biais de biosignatures dans l’atmosphère des exoplanètes (i.e. en regardant l’abondance des espèces chimiques). C’est pourquoi, à la lumière des informations exposées, le fait d’avoir détecté de l’eau dans l’atmosphère d’une exoplanète (comme K2-18 b) ne signifie en rien que celle-ci peut abriter la vie – en premier lieu car elle est sous forme gazeuse et non liquide.
Enfin, il est loin d’être superflu de rappeler que les conditions traquées permettent de trouver uniquement une vie extraterrestre ressemblante à la nôtre. Pourtant, aucun élément à la disposition des scientifiques pourrait contredire la conjecture qu’une autre forme de vie existerait sur des planètes, en dehors de l’incontournable zone d’habitabilité… Pour l’heure, tout du moins, la résolution des images et les données collectées ne permettent pas de trancher sur ces questions, si bien qu’il serait effectivement possible que des êtres vivants se développent déjà, parmi les 4 000 planètes détectées, sans que nous puissions nous en rendre compte.
Margaux Abello (@MargauxAbello)
Sources :
Recensement des exoplanètes détectées de 1995 à 2019 : https://apod.nasa.gov/apod/ap190710.html
Les articles traitant de la planète K2-18 b : Nature Astronomy & Astronomical Journal.
Analyse des résultats obtenus sur l’exoplanète K2-18 b : article de Sciences et Avenir.
Connaître les facteurs impliqués dans la formation d’une vie sur une exoplanète : interview par National Geographic & article informatif de Pour la Science.
En savoir plus sur le Prix Nobel de Physique 2019 qui a récompensé la première détection d’exoplanète : interview du lauréat Michel Mayor par Sciences et Avenir.
Crédit illustration : pixabay
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