N’avez-vous pas remarqué quelque chose d’étrange dernièrement, un élément que le ciel français n’a pas pour tradition d’accueillir ? Connaissez-vous la Psittacula krameri aussi appelée Perruche à collier ? Originaire des forêts sub-sahariennes d’Afrique et des forêts indiennes, elle a, en quelque année, élu domicile en île-de-France (IDF) au point de questionner les scientifiques quant à la potentielle menace qu’elle représente pour l’écosystème francilien.
Introduite en IDF dans les années 1970 et 1990, probablement du fait d’une mauvaise manipulation de caisses aux aéroports d’Orly et de Roissy, la Perruche à collier est présente dans les milieux boisés, ouverts et lumineux. Elle semble particulièrement apprécier les platanes. On la retrouve notamment le long de la Marne à proximité des villes, où la nourriture est abondante, et en Essonne. Sédentaire et communautaire, elle niche dans les cavités des arbres et ce dès le mois de janvier. Mais selon une étude conjointe du Département des Hauts-de-Seine et du Muséum d’Histoire Naturelle, cela réduit l’espace de nidification des espèces locales (moineau domestique, pigeon colombin, l’étourneau sansonnet…). Depuis quelques années cet oiseau tropical prospère en IDF puisque le nombre d’individus est passé de 600 en 2006 à 5300 en 2018. L’Angleterre a également connu le développement de cette espèce, notamment à Londres qui compte 80 000 individus, la Belgique n’est pas en reste avec 30 000 oiseaux.
Un exotisme invasif.
Si dans les environnements où la Perruche à collier est présente, aucune nuisance majeure n’a été quantifiée, elle représente tout de même un risque pour l’avifaune locale du fait de son comportement agressif et invasif. Les altercations autour des cavités de reproduction et des mangeoires, notamment avec les écureuils, le pigeon colombin ou encore le faucon crécerelle, ont tendance à écarter les autres passereaux.
Selon l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage (ONCFS), six dortoirs d’importance existent à ce jour en IDF notamment à Massy (1100 individus), Aulnay-sous-Bois (1650), Nanterre (1500) et Maisons-Alfort (650). L’arrêté du 14 Février 2018 des Ministères de la Transition Écologique et Solidaire et de l’Agriculture catégorise définitivement la Perruche à collier comme une espèce invasive et « interdite sur tout le territoire métropolitain ».
Si des mesures comme l’interdiction de vendre cette espèce exotique sont déjà actées, il n’en reste pas moins que réduire le nombre de belles vertes n’est pas une mince affaire. Premièrement, tant que des dégâts majeurs sur la biodiversité locale ou sur les cultures agricoles n’ont pas été constatés, l’éradication ne sera pas à l’ordre du jour. Deuxièmement, la Perruche à collier introduit sur le territoire français une touche d’exotisme qui ne laisse pas indifférent. Son chant peu banal et son plumage éclatant font appel à l’imaginaire des habitants dont certains déclarent « ça change du pigeon ! » ou encore « j’adore, ça me rappelle mon voyage en Uruguay ». D’autres au contraire, lorsque sa présence devient trop importante, affichent leurs inquiétudes, notamment quant à la dégradation de l’environnement et des habitudes de vie : « j’adore, c’est exotique, mais est-ce bien pour l’écosystème ? », « elles n’ont pas leur place, plus il y en a, moins on retrouve nos oiseaux« .
A Madrid, depuis 2011 une politique d’éradication des Perruches vertes a été mise en place. En France, le contrôle de leur population peut venir des rapaces diurnes tels que le faucon pèlerin, l’épervier d’Europe et l’autour des palombes, dans une certaine mesure et en attendant une réaction des humains.
La belle exotique devenue belle invasive a donc du souci à se faire !
Adrien ALBERTINI
Sources :
https://www.cairn.info/revue-annales-de-geographie-2017-4-page-408.htm#
http://www.naturessonne.fr/telechargements/etudes-especes-invasives-2010.pdf
http://www.perruche-a-collier.fr/