À la suite de l’étude d’envergure mondiale Rebuilding marine life qui a fait intervenir dix pays différents et seize universités mondiales, Jean-Pierre Gattuso, un des auteurs de l’étude, océanologue du CNRS au Laboratoire d’océanographie de Villefranche-sur-Mer, estime que l’espoir est permis.
Si votre seul espoir du moment est de pouvoir passer des vacances d’été non confinées, que diriez-vous de celui de sauver les océans d’ici 2050 ?
En effet, dans l’article publié dans la revue Nature le 1er avril 2020, le principal constat de l’étude Rebuilding marine life, résumé en une phrase par l’auteur principal de l’étude Carlos M. Duarte, est que si nous cessons de tuer la vie marine et que nous la protégeons, elle reviendra.
La destruction de la vie marine ne date pas d’hier ; allant crescendo depuis l’arrivée des colons espagnols en Amérique au XVIe siècle pour atteindre son pic lors de la révolution industrielle au XIXe siècle, la vie marine n’est aujourd’hui toujours pas épargnée. Ainsi, à ce jour, plus de la moitié des récifs coralliens du monde sont en voie de disparition, les stocks de poissons ne cessent de diminuer et le plastique continue d’être produit et de s’accumuler dans l’océan comme nous le dévoile la découverte du septième continent de plastique qui ne cesse de croître en superficie, et en profondeur.
Malgré tout, cette étude souligne la grande résilience de la vie marine qui lui permettrait de se remettre. Pour mieux protéger les écosystèmes, tous les états doivent établir un plan d’action en réduisant les pressions anthropiques telles que la surexploitation des ressources et la pollution chimique. Leur principale conséquence est le réchauffement climatique, facteur clé de la détérioration marine, qui ne cesse de s’accélérer malgré les actions prévues par l’Accord de Paris sur le Climat, approuvé en 2015. Cet accord a pour principal objectif de contenir le réchauffement climatique nettement en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels d’ici à 2100, selon l’article 2.
Malgré les bénéfices économiques, humains et environnementaux qui seraient largement supérieurs aux coûts des mesures, estimés à plus de 10 milliards de dollars par an [Les actions pour régénérer les océans d’ici 2050. Brut média. 11/04/2020], les états restent perplexes. Sachant que si nous échouons à protéger les océans à hauteur de 50%, contre 10% actuellement, d’ici 2050, [Selon une étude, il est possible de sauver les océans en 30 ans. Science Post. 13/04/2020], les générations futures seront amenées à vivre avec des océans condamnés.
Néanmoins, Jean-Pierre Gattuso souligne l’effet paradoxalement bénéfique des deux guerres mondiales sur les océans : l’absence de pêche pendant ces années ayant permis la régénération des ressources halieutiques. Ainsi, la période de confinement que nous vivons actuellement, liée à la pandémie du Covid-19, ne semble pouvoir faire que du bien à la vie marine. De plus, peut-être que cette situation inédite permettra un changement de mentalité qui pourrait déboucher vers un autre modèle sociétal et économique, plus éthique et respectueux de la nature, et, ainsi, de l’océan.
Alice CARLE
sources :
- https://www.nature.com/articles/s41586-020-2146-
- https://www.ouest-france.fr/leditiondusoir/data/88878/reader/reader.html?fbclid=IwAR2fT5uIIu0KCyNyw2lWsu9C7IGUo6kSrjIgMiDi6cNnn76T_n7v7sAZz0g#!preferred/1/package/88878/pub/126201/page/5Pla
- https://sciencepost.fr/selon-une-etude-il-est-possible-de-sauver-les-oceans-en-30-ans
- https://www.brut.media/fr/international/les-actions-pour-regenerer-les-oceans-d-ici-a-2050-b9cf6630-9f12-4354-ac07-662977ce444c