Lovecraft Country 

Les amateurs du genre ont été attirés par le titre alléchant de cette nouvelle série HBO sortie en août 2020. De même que le roman éponyme de Matt Ruff, Lovecraft Country est à la fois un hommage et un renversement de l’œuvre de H.P. Lovecraft, auteur d’un véritable genre littéraire. Il a fallu des années après sa mort pour que son univers d’horreur-fantaisie soit considéré véritable littérature et, plus encore, pour que son héritage soit soumis à un examen critique en raison de son sectarisme et racisme. Il est tout à l’honneur de Misha Green, créatrice de Lovecraft Country, d’en faire justement la subversion juste et ironique en plaçant les protagonistes noirs au centre de la narration et où les monstres sont désignés comme les suprémacistes blancs.

En ce qui concerne l’intrigue, tout commence comme un véritable mystère lovecraftien dans une Amérique ségrégationniste des années 1950. Lorsque son père disparaît de Chicago, Atticus convainc son oncle George et son ami d’enfance Leti pour un voyage à Ardham (en référence à la ville fictive d’Arkham) pour le retrouver. Au cours du périple, le ton de la narration bascule dans l’horreur lors de rencontres avec des monstres fantastiques et des sectes obscures. 

Alors que les trois premiers épisodes présentent de nombreux aspects particulièrement intéressants et bien dirigés, mêlant ancienne méthode et nouvelle adaptation, cette dynamique tend à s’essouffler au fil des épisodes suivants. Les personnages, déjà bien mis en place, se développent peu après les trois premières heures, la place étant faite à l’action plus qu’au développement psychologique de ceux-ci. Les références originales de Lovecraft deviennent également secondaires laissant place à une interprétation moderne assez libre, le scénario quant à lui suit un cours plutôt prévisible mais non moins intéressant. 

Cependant, la série développe de nombreuses idées fascinantes : la façon dont le surnaturel peut renforcer ou bouleverser les torts historiques ainsi que le potentiel de l’horreur comme métaphore du racisme. 

Couverture : visuel OCS – Lovecraft Country

Lovecraft Country disponible sur OCS à la demande. 

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